Le compromis d’Accra


Lecture 3 min.
Drapeau de la Côte d'Ivoire
Drapeau de la Côte d'Ivoire

Rebelles et partis politiques ivoiriens sont parvenus à un accord sur la constitution du futur gouvernement de réconciliation nationale, ce samedi à Accra. Les ministères de l’Intérieur et de la Défense, dont l’attribution constituait le principal point d’achoppement dans les négociations, seront dans un premier temps remplacés par un « conseil de sécurité » de quinze membres.

L’application des accords de Marcoussis butent depuis le 24 janvier dernier, date de leur signature, sur l’attribution des ministères de l’Intérieur et de la Défense. Les membres du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI), qui assurent les avoir obtenus en marge du sommet, ont toujours refusé le moindre compromis sur cette question. Samedi, à l’issue de la table ronde d’Accra, partis et rebelles ont surmonté la difficulté en décidant la création d’un « conseil de sécurité » chargé de gérer les deux portefeuilles, avant que des ministres ne soient désignés. Un grand espoir pour le pays, en crise depuis le 19 septembre dernier.

Forces nouvelles

Le « conseil de sécurité », stipule le communiqué final, comprendra « le président de la République, le Premier ministre, un représentant de chacune des forces politiques signataires de l’accord de Marcoussis, un représentant des Fanci (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire), de la gendarmerie nationale et de la police nationale ». C’est sur proposition de ce conseil que les futurs ministres de l’Intérieur et de la Défense seront désignés par le président Laurent Gbagbo. Lequel recevait lundi les membres du comité de suivi des accords de Marcoussis, chargés de lui faire le compte-rendu de la table ronde d’Accra.

L’accord final du sommet d’Accra a été signé par les représentants de sept partis ivoiriens et des trois mouvements rebelles – MPCI, Mouvement populaire ivoirien du grand ouest (Mpigo) et Mouvement pour la justice et la paix (MJP). Ces derniers gagnant le droit, semble-t-il, d’être désignés en tant que Forces nouvelles, une qualification qu’ils se sont attribué voilà plus d’un mois.

« Réconcilions nous »

« Réconcilions nous ! Que la paix soit de mise en Côte d’Ivoire et que l’unité nationale soit notre credo », a déclaré Guillaume Soro, le secrétaire général du MPCI, à l’issue de la table ronde. « C’est un grand moment dans l’histoire de notre pays ! Il faut savoir déposer les armes (…), je pense que le dialogue l’a emporté », a ajouté le colonel Michel Gueu, pourtant menaçant envers Guillaume Soro lorsque celui-ci, voilà deux semaines, montrait des signes d’ouverture sur la question des ministères de l’Intérieur et de la Défense. Le chef militaire s’est même fendu d’excuses envers le peuple ivoirien . « Je voudrais réitérer tout le pardon à toutes les populations de Côte d’Ivoire pour ce qu’on a pu faire comme mal aux uns et aux autres », a t il déclaré à la Radio télévision ivoirienne (RTI) qui accueillait pour la première fois un chef rebelle.

La situation reste néanmoins confuse dans l’ouest du pays, où la ville de Bangolo a subi une attaque violente, faisant de nombreux morts, alors que les forces françaises arrêtaient 110 Libériens en armes. Mais, selon les chefs rebelles, la donne a changé. « Aujourd’hui, il ne s’agit plus de combats entre deux forces, mais de désordres de bandes armées incontrôlées », assure Roger Banchi, responsable du Mpigo, très implanté dans l’Ouest où les troupes incontrôlées font le plus de victimes.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News