Afrique du Sud : les limites de la réconciliation prônée par Mandela


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Neslon Mandela

Nelson Mandela, que les Sud-africains surnomment affectueusement « Madiba », fête ce mercredi 18 juillet ses 94 ans. Le Monde entier se souvient de l’homme qui a toujours œuvré pour la réconciliation entre Noirs et Blancs après le régime ségrégationniste de l’apartheid. La Nation arc-en-ciel est en marche. Mais les inégalités sociales persistent en Afrique du Sud.

La Nation arc-en-ciel. Ce concept de Nelson Mandela est gravé dans les mémoires. La réconciliation entre Noirs et Blancs après le régime ségrégationniste de l’apartheid lui a toujours tenu à cœur. Même après 27 ans de prison, son discours n’a pas changé. La réunification était pour lui la seule issue possible pour l’Afrique du Sud. Président de 1994 à 1999, Nelson Mandela a toujours œuvré pour l’apaisement des tensions entre les différentes communautés de son pays. Le héros de la lutte anti-apartheid voulait éviter que l’Afrique du sud ne sombre dans la violence, que la communauté noire se venge.

Ses initiatives pour réunir la nation sont nombreuses. L’une des plus marquantes est sans doute celle de la Coupe du Monde de rugby en 1995. Pour Madiba, c’est claire. Cette compétition peut être un moyen de réconcilier Blancs et Noirs. Il est alors convaincu que la réconciliation peut passer par l’équipe nationale de rugby. Autorisée de nouveau à concourir après avoir été exclue des terrains de jeu pour cause d’apartheid. Mais la tâche est loin d’être aisée. De nombreuses voix s’élèvent contre une équipe composée majoritairement de Blancs. Chester Williams est en effet le seul Noir à porter le maillot des Springboks. Malgré ces critiques, Nelson Mandela a raison de croire en l’équipe nationale. Les Springboks remportent la Coupe du Monde. Cette page de l’histoire sud-africaine sera même adaptée au cinéma dans Invictus par Clint Eastewood.

Une société divisée

Le rêve d’une Nation arc en ciel semble toutefois s’être effrité. Il y a encore beaucoup de Noirs qui vivent toujours dans des guettos. Ils sont nombreux à s’entasser dans les « townships ». Les résidents de ces bidonvilles, créés sous le régime de l’apartheid, sont pour la plupart originaires du Zimbabwe et autres pays limitrophes. D’ailleurs il y a beaucoup de racisme des Noirs contre « Noirs étrangers » en Afrique du Sud. Pour le photojournaliste Graeme Williams, qui a travaillé en Afrique du Sud, le rêve d’une nation réconciliée était-il trop grand ? « Sans Mandela nous aurions connu un bain de sang en 1990. Il a vraiment porté le pays vers la démocratie. Avec lui, nous avons rêvé d’une transition parfaite, où les ennemis d’hier deviennent frères. Mais peut-être que cela n’était pas réaliste et que nous payons aujourd’hui le prix de ce rêve. »

L’Afrique du Sud est en effet l’un des pays les plus inégalitaires du monde. Le fossé entre Noirs et Blancs est toujours important. Sur le plan économique, les Blancs sont jusqu’à présent en tête de la pyramide. Bien qu’une classe moyenne ait émergé ces dernières années, la communauté noire vit en majorité dans la pauvreté. La violence et le chômage font partis de son quotidien. Pour Zenariah Barendse, ancienne militante anti-apartheid, « il ne faut pas se voiler la face, notre nation est toujours divisée racialement. D’accord, aujourd’hui mes petits-enfants ont le droit d’être scolarisés dans n’importe quelle école, mais encore faut-il avoir les moyens de payer les frais d’inscription pour une école de qualité. Où est la liberté ? », rapporte La Croix. Cependant, le racisme antiblanc, voir la chasse au blanc dans les centres villes ont poussé beaucoup d’Afrikaner à s’isoler dans de grandes propriétés sécurisées.

Les blessures issues de l’apartheid sont toujours saillantes. Il faudra sans doute attendre plusieurs années encore pour voir la Nation Arc-en-ciel conçue par Madiba porter ses fruits.

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