Procès de Sosthène Munyemana, dit  » le boucher de Tumba »


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Le CGR est assigné par le docteur rwandais Sosthène Munyemana, dit  » le boucher de Tumba » pour non-respect de la présomption d’innocence.

Ce mardi 27 septembre s’ouvre le procès des membres du Collectif Girondin pour le Rwanda (CGR) pour non-respect de la présomption d’innocence sur la personne du médecin rwandais Sosthène Munyemana. Les faits remontent au 30 janvier 2010. Condamné à deux reprises pour génocide par la justice rwandaise, objet d’une procédure ouverte en France en 1995 dans laquelle le CPCR et Survie se sont portés partie civile aux cotés de la FIDH, le docteur Sosthène Munyemana assigne devant le tribunal de grande instance de Bordeaux ceux qui ont publiquement rappelé son passé en s’étant mobilisé devant l’hôpital de Villeneuve-sur-Lot.

Condamné à la prison à perpétuité pour génocide par les tribunaux rwandais

«En jugeant ceux qui dénoncent la clémence dont bénéficie un homme reconnu coupable de génocide dans son pays, la justice française se laissera-t-elle instrumentaliser ? interroge le Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda (CPCR) et Survie dans un communiqué. Or, en octobre 2008, M. Munyemana a été condamné à la prison à perpétuité pour génocide par les tribunaux gacaca de Butare, au Rwanda. Il serait paradoxal qu’un homme reconnu coupable d’avoir participé au génocide des Tutsi puisse faire taire ceux qui dénoncent l’impunité dont il jouit dans notre pays.»

Le docteur Munyemana est arrivé en France en septembre 1994. Le 7 octobre 2010, la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Bordeaux a refusé son extradition vers le Rwanda. «Le mot « innocence » ne fait pas bon ménage avec le nom de celui qu’on désigne comme le « boucher de Tumba ». En témoigne le résumé des faits le concernant établi par la Cour nationale du droit d’asile, qui lui a refusé le statut de réfugié : « l’instruction a également permis de constater que M. Sosthène Munyemana (…) en contradiction flagrante avec ses déclarations, sa nomination au comité de financement de l’autodéfense civile pour la préfecture de Butare constitue, en soi et au sens récemment rappelé par le Conseil d’Etat dans sa décision Tegera, une raison sérieuse de penser que l’intéressé s’est rendu coupable de crime de génocide et de crime contre l’humanité au sens des stipulations de la convention de Genève (arrêt du 24 janvier 2008). »»

«La France va-t-elle rester longtemps encore ce havre d’impunité?»

Le Collectif Girondin pour le Rwanda a déposé plainte contre Sosthène Munyemana le 18 octobre 1995. C’est devant les lenteurs de la justice française qu’ils ont organisé cette action devant l’hôpital de Villeneuve-sur-Lot pour informer la population et mettre la direction de l’hôpital devant ses responsabilités. Déplacée de Bordeaux à Paris en 2001, l’instruction, confiée à Mme Pous, est aujourd’hui relancée. «Une condamnation par le tribunal de Bordeaux de prévenus dont la bonne foi ne peut être mise en cause apparaîtrait d’autant plus incompréhensible qu’après avoir été reconnu coupable de génocide au Rwanda, M. Munyemana pourrait bien avoir – enfin – à rendre des comptes à la justice française» poursuit le collectif dans le communiqué. Et de souligner : «Au-delà de l’affaire Munyemana, ce qui est en cause, c’est la bienveillance dont les autorités françaises ont fait preuve jusqu’à présent à l’égard de Rwandais présents sur notre sol et sur lesquels pèsent les plus graves soupçons d’implication dans le génocide des Tutsi. La France va-t-elle rester longtemps encore ce havre d’impunité ?»

Le génocide rwandais demeure un sujet épineux entre la France et le Rwanda. La France, qui n’a pas accepté les accusations de Kigali sur sa prétendue responsabilité dans le génocide, a récemment reçu Paul Kagamé, chef de l’Etat rwandais, en visite officiel, signe d’un timide réchauffement entre les deux pays. Voilà une affaire qui pourrait remettre de l’huile sur le feu.

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