La misère des Egyptiens et les 70 milliards des Moubarak


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Hosni Moubarak et les siens seraient à la tête d’une fortune qui avoisinerait les 70 milliards de dollars américains alors que la majorité des Egyptiens sont des travailleurs pauvres. Le taux de chômage dépasse les 9% et le cinquième de la population du pays vit avec moins d’un dollar par jour.

La famille Moubarak pèserait entre 40 et 70 milliards de dollars, selon un article du journal britannique The Guardian. Cette fortune serait abritée dans les banques suisses et britanniques ou investie dans l’immobilier dans les villes comme Londres, New York, Los Angeles et celles longeant les côtes de la Mer Rouge. Les banques suisses ont déjà procédé depuis la chute du raïs au gel des avoirs du clan Moubarak dans leur pays. Les activistes égyptiens, quant à eux, tentent depuis jeudi dernier de convaincre le procureur de la République d’enquêter sur la fortune du président déchu.

A l’origine de cette manne financière, la longévité au pouvoir du président égyptien Hosni Moubarak -30 ans-, qui lui a permis de tirer profit de plusieurs accords économiques signés avec son pays. Par ailleurs, durant sa longue carrière militaire, il se serait enrichi grâce aux contrats d’armement et en se rendant acquéreur des terres appartenant à l’armée à des prix défiant toute concurrence, rapporte la version francophone de l’hebdomadaire égyptien Al-Ahram. Le détournement de deniers publics aurait également permis aux Moubarak d’être à la tête de cette fortune. Les deux fils du chef de l’Etat égyptien, Gamal et Alaa sont aussi des milliardaires, selon The Guardian. Ce sont près de 6,357 millions de dollars américains qui ont fait l’objet de transferts illicites entre 2000 et 2008, selon un rapport de Global Financial Integrity (GFI) publié en janvier dernier. La corruption aurait coûté 57,2 millions de dollars aux Egyptiens sur la même période, rapporte le journal ¨Al-Ahram. Après le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Egypte est le troisième pays le plus important en Afrique en termes de transferts illicites.

Chômeurs, jeunes et pauvres

Le patrimoine du clan Moubarak représente environ entre un et deux deux tiers du PIB de l’Egypte, évalué en 2009 à près de 90 milliards de dollars. Avant de céder le pouvoir le 11 février dernier, Hosni Moubarak avait promis une hausse de 15% des salaires des fonctionnaires. Dans un pays où le taux de chômage excède les 9% et frappe surtout les jeunes, un cinquième des quelque 80 millions d’Egyptiens vit avec moins d’un dollar par jour. En 2010, les autorités égyptiennes avaient publié des chiffres selon lesquels plus de 16 millions d’Egyptiens vivraient sous le seuil de pauvreté, fixé à 2 dollars par jour par la Banque Mondiale. Pour les institutions internationales, ce serait plus de la moitié de la population égyptienne qui serait concernée.

Absorbés par le secteur informel, la plupart des travailleurs égyptiens sont pauvres. La pauvreté est devenue endémique au point que l’ancien gouvernement égyptien était obligé de subventionner les denrées alimentaires et le carburant, ce qui représente 30% de son budget, rapporte Le Figaro. Dans un communiqué sur la crise égyptienne, publié le 2 février, Juan Somavia, le secrétaire général du Bureau international du travail (BIT), a rappelé que son organisation, « dénonce (depuis des années) l’ampleur du déficit de travail décent en Égypte et dans d’autres pays de la région, où le chômage, le sous-emploi et le travail informel demeurent parmi les plus élevés au monde ». Le fossé économique entre les dirigeants égyptiens et la population, notamment la jeunesse, a alimenté la révolte qui a renversé le régime de Moubarak.

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