Zimbabwe : silence, on négocie


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Les représentants du Mouvement pour le changement démocratique (opposition) et ceux du régime du président Robert Mugabe sont encore en pourparlers ce vendredi. Une première depuis les élections présidentielles de mars et de juin derniers. Sous la médiation de l’Afrique du Sud, ils tentent depuis jeudi de fixer le cadre des négociations. La démarche paraît rassurer les Nations unies mais le Conseil de sécurité reste très vigilant.

Le pouvoir et l’opposition zimbabwéenne poursuivent les négociations entamées jeudi à Pretoria, sous l’égide du président sud-africain Thabo Mbeki. Son pays assure la médiation dans la crise au Zimbabwe. Les deux parties tentent ainsi de sortir de la crise que traverse le pays depuis les élections présidentielles de mars dernier. L’opposition, sortie victorieuse de ce scrutin, a dû se retirer du second tour imposé par le président Robert Mugabe qui a été réelu le 27 juin.

Pas de compromis

Le Mouvemement pour le changement démocratique (MDC), le principal parti d’opposition, et l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF), au pouvoir, se sont toujours dits favorables au dialogue. Cependant, ils sont en désaccord total sur les prérequis. Robert Mugabe exige d’être reconnu comme le chef de l’Etat, ce que l’opposition, refuse catégoriquement. Elle souhaite avant tout que seuls les résultats du premier tour soient pris en compte. Morgan Tsvangirai, le chef du MDC, était arrivé en tête avec 47 % des voix. Ce dernier considère qu’il ne s’agit pas encore de négociations mais de discussions préliminaires. Selon lui, les négociations ne pourront commencer qu’après l’arrêt complet des violences dans le pays.

L’opposition a fixé plusieurs autres conditions pour amorcer le dialogue. Le MDC exige ainsi la libération de plus de 1500 prisonniers politiques. Il indique que 109 de ses partisans ont été tués entre mars et juin. Le parti demande aussi la nomination d’un envoyé permanent de l’UA ou de l’ONU pour seconder le président sud-africain. Les responsables du MDC ont souvent dénoncé sa complaisance à l’égard de son homologue Robert Mugabe.

Une fois satisfaite, l’opposition pourra alors envisager de suivre les recommandations de l’Union africaine et étudier l’éventualité d’un gouvernement d’union nationale. Néanmoins, d’autres solutions, proposées par l’opposition entre les deux tours, ont été évoquées. Par exemple, la mise en place d’un gouvernement de transition avant de nouvelles élections, ou une solution à la kenyane : Mugabe à la présidence, et Tsvangirai au poste de Premier ministre. Mais le président Mugabe a déjà vigoureusement rejeté cette proposition lors du sommet de l’Union africaine la semaine dernière.

Autre éventualité : le leader du MDC serait à la tête de l’Etat, mais assisté par deux vice-présidents issus de la Zanu-PF. Plusieurs membres du parti de Robert Mugabe occuperaient également des postes ministériels-clé. Là aussi, la position tranchée de Robert Mugabe, pendant la campagne du deuxième tour, peut laisser supposer que cette issue aura du mal à s’imposer.

La reprise du dialogue suffira-t-elle à rassurer la communauté internationale ?

Pourtant, la reprise du dialogue entre les deux parties a calmé momentanément la communauté internationale. Le vote sanction présenté mardi par les Etats Unis devant le Conseil de sécurité des Nations unis a été reporté. Plusieurs de ses membres disent vouloir suivre l’avancée des négociations en cours en Afrique du sud.

D’autant qu’un communiqué des autorités zimbabwéennes, envoyé aux Nations unies, indique que toute sanction « déclencherait très probablement une guerre civile dans le pays ». Le document souligne qu’ «avec leur obsession de « changement de régime », la Grande-Bretagne et les Etats-Unis sont déterminés à ignorer les problèmes réels, enracinés, fondamentaux et durables qui résident dans le cœur de la politique intérieure du Zimbabwe. »

Le Vietnam, qui assure la présidence du Conseil, et plusieurs autres Etats membres estiment que l’ONU assiste « actuellement à des efforts de la part de l’Union africaine (UA) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) ». Des efforts qui méritent d’« être soutenus. » Cependant, les pays occidentaux n’excluent pas de procéder vendredi au vote sanction qui était prévu mercredi. Ce projet déposé à l’encontre du Zimbabwe semble faire peser l’épée de Damoclès sur le régime de Robert Mugabe.

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