Week-end de violences au Tchad : l’Arabie Saoudite mise en cause


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Plusieurs villes de l’est du Tchad ont été occupées par les forces rebelles tchadiennes, ce week-end, mais la menace semble temporairement s’éloigner de N’Djamena. Les autorités n’en ont pas moins renforcé la sécurité autour de la capitale. Fait nouveau, le gouvernement dénonce le soutien de l’Arabie Saoudite aux rebelles.

Un mois après leur dernière offensive d’envergure, les rebelles tchadiens ont de nouveau occupé le terrain militaire et médiatique ce week-end. Les troupes de l’UFDD (Union des forces pour la démocratie et le changement) se sont emparées de la principale ville de l’est du pays, Abéché (160 Km de la frontière soudanaise), samedi, avant de la quitter dimanche matin. Mais leur chef, le général Mahamat Nouri, a promis de lancer une nouvelle attaque « d’ici quelques jours ». De leur côté, les hommes du Rassemblement des forces démocratiques (RAFD) occuperaient toujours les villes de Biltine et Zoer, qu’ils ont également conquises samedi.

Dimanche, les autorités françaises, qui qurveille l’avancée des rebelles, ont annoncé que « la perspective de combats dans la grande périphérie de N’Djamena n’[était] pas à exclure dans les 24 heures ». Elles avaient identifié une colonne du RAFD, à 400 Km de N’Djamena, progressant en direction de l’ouest. Mais cette menace semble s’être éloignée lundi matin. Pour une fois, autorités et rebelles tchadiens sont même tombés d’accord : les premiers ont nié dimanche l’existence de « toute prétendue colonne rebelle » avançant sur la capitale, alors que le RAFD a réfuté l’information de l’ambassade de France selon laquelle il s’apprêtait à attaquer N’Djamena.

Le Tchad dénonce le soutien de l’Arabie Saoudite

Leur analyse sur le week-end d’affrontements diverge néanmoins sur le reste. Le général Mahamat Nouri, chef de l’UFDD, a expliqué à l’AFP que son objectif était « la chute finale de N’Djamena, sans précipitation », et que le but des attaques de ce week-end était justement de « détruire progressivement les troupes ennemies ». Selon lui, son mouvement a « infligé de lourdes pertes à l’armée de Déby ». Au contraire, les forces gouvernementales déclarent s’être retirées d’Abéché pour éviter que des civils ne soient victimes des combats.

Nouveauté dans le discours des autorités tchadiennes : en plus du Soudan, régulièrement dénoncé, le porte-parole du gouvernement a accusé l’Arabie Saoudite d’être derrière les forces rebelles. Dans une interview à la chaîne qatarie Al Jazeera, il a expliqué que ces deux pays « équipent, entraînent les mercenaires et leur assurent la logistique nécessaire pour attaquer le Tchad sur plusieurs fronts à l’est. » Il est allé plus loin en assurant que « la guerre imposée au Tchad relève d’une guerre pour la promotion de l’islamisme militant prônée par Al-Qaïda de Ben Laden, qui n’épargnera aucun pays de la sous-région ». Des propos que le porte-parole du CNT (Coordination nationale tchadienne, allié de la RAFD), Bourma Daoud Ahmad, a réfutés en bloc.

Dimanche, le haut commandement militaire et le Bureau politique du MDJT (Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad ) ont ordonné à leurs unités combattantes à l’est et au centre du Tchad « d’intégrer les Forces de résistance de l’UFDD et du RAFD/CNT ». Le même jour, un signe des désaccords futurs qui pourraient survenir, dans l’ensemble disparate qui forme la rébellion tchadienne, est venu de la CNT. Dans un communiqué publié par le portail d’information Al Wihda, son président, Hassan Saleh Aldjineidi, a tenu à démentir une rumeur selon laquelle « un accord a été conclu pour que Mr Erdimi (le chef du RAFD) préside à la destinée du pays dès la chute du Général Président » Idriss Déby Itno.

Droits photo : Al Wihda

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