Une nébuleuse au cœur de Tripoli en transition


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Drapeau de la Libye
Drapeau de la Libye

La jonction entre divers mouvements terroristes en Afrique, de l’Atlantique à la Mer rouge, est désormais du domaine du possible, avec l’installation officielle de la nébuleuse de Ben Laden en Libye : à l’argent sur le trafic d’être humains (otages) et autres drogues s’ajoutent désormais le pétrole et le gaz libyens. Al Qaïda est dans la danse, tout baigne ! (Air connu).

Curieux paradoxe : dans sa haine contre Khadafi qu’il a transmise à la Trilatérale de la « communauté internationale » (France, Royaume-Uni et États…unis), Nicolas Sarkozy a réussi la prouesse d’accorder à Al Qaïda une légitimité et un pouvoir sans partage dans cette vaste Afrique à partir de Tripoli. De là, grâce à la reconnaissance et à l’onction voilée octroyées par l’Occident en croisade pour le pétrole et le gaz arabes de Libye, Al Qaïda va s’appuyer sur de puissants leviers économiques (pétrole et gaz libyens) pour poursuivre sa « dijhad » contre l’Occident.

Le groupe de Ben Laden dont les chefs sont assassinés régulièrement en Extrême Orient (le numéro 2 d’Al-Qaïda, le Libyen Atiyah Abd al-Rahman, a été tué vers le 22 août au Pakistan, après Ben Laden lui-même, le 2 mai) avait trouvé dans le vaste océan saharien africain un refuge d’où il s’enrichissait grâce au trafic d’êtres humains, occidentaux dans leur majorité (environ 50 millions d’euros/an de rançons) et autres trafics de stupéfiants (entre 40 et 100 tonnes de cocaïne circuleraient annuellement en Afrique de l’Ouest en direction de l’Europe principalement [[Alain Antil, responsable du programme Afrique subsaharienne à l’Ifri ; Sécurité au Sahel : le phénomène Aqmi (al-qaïda au Maghreb Islamique), Bruxelles.)]] pour financer ses activités. Aujourd’hui, les croisés occidentaux ont réussi à retourner les collaborateurs d’hier (Qui a confirmé la peine de mort des infirmières bulgares ? Moustapha Abdeljalil, actuel chef des « insurgés ») pour les encadrer, les armer, les assister en l’air et au sol, les guider et les orienter dans leur marche vers Tripoli ; ils avaient d’autant plus ralenti la marche qu’ils ont cherché à maîtriser un groupe éparse de pieds nickelés déboussolés, désorientés par le rôle ingrat qu’on a voulu leur faire jouer dans le drame libyen : l’Occident s’était en effet douté, un moment, que le groupe s’est fait phagocyter très tôt par Al Qaïda qui avait su saisir cette occasion unique de s’ouvrir le front d’une guerre sans effort contre Khadafi.

Le Guide de la Jamahariya avait été le premier à signaler la présence de groupes décrits par Alain Antil comme Aqmi, l’ancien Groupe salafiste pour la Prédication et le Combat, dans sa volonté de « fédérer les mouvements djihadistes nord-africains, porter la violence sur le sol européen ou encore, renforcer la branche Saharo-sahélienne du GSPC ». Grâce aux croisés occidentaux dans leur volonté d’accomplir le sale « job » (Alain Juppé) économique de se chercher de nouveaux horizons pétrolifères, Al Qaïda est aujourd’hui dans la plénitude de sa « djihad » contre l’Occident qui lui a trouvé le nerf de la guerre.

Recevant le président sénégalais en pèlerinage à La Mecque, le gardien des deux Saintes mosquées aurait fait part de son irritation, contre toute attente : le CNT, dira Abdallah ben Abdelaziz ben Abderrahmane ben Faysal ben Turki ben Abdallah ben Mohammed ben Saoud ; abrégez en Abdallah bin Abdelaziz al-Saoud, c’est Al Qaeda cherchant à transformer la Libye en terre de « djihad » (guerre sainte) ? L’idée n’est pas si nouvelle que ça puisqu’elle circule depuis six mois et semble se vérifier sur le terrain et même au-delà des frontières poreuses de la Libye adossées aux vastes plaines désertiques du Sahel : des armes transmises aux insurgés se sont retrouvées jusque vers le Ghana.

En Afrique en revanche, le CNT reste une nébuleuse, tout autant que le groupe de Ben Laden. Et l’Union africaine (le 26 août) semble le percevoir plus comme un groupe terroriste qui ne dit pas son nom ; le siège de la Libye au sein de l’UA actuellement « vacant », l’organisation continentale n’en manifeste que plus ses distances vis-à-vis du comité national de transition. Mieux : certaines sources présentaient déjà le CNT « comme une branche de l’OTAN, mise en place pour justifier son intervention armée en Libye et diriger l’opinion publique afin de lui masquer les réels enjeux de cette invasion, financiers, une fois n’est pas coutume. Au mois de mars déjà la Russie mettait en avant des doutes concernant le déroulement des opérations armées. Selon eux, et à l’appui d’une surveillance satellite,les attaques présentées par les médias occidentaux n’ont jamais eu lieu » (zawaya.magharebia.com).

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