Un concert virtuel pour soutenir les détenus d’opinion en Algérie


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Concert du 23 mai pour les détenus d'Algérie
Concert du 23 mai pour les détenus d'Algérie

Des artistes algériens ont décidé, à partir de ce samedi soir 23 mai, à 21h (heure d’Alger), d’animer un concert virtuel pour soutenir les prisonniers du Hirak, le mouvement populaire antirégime depuis le 22 février 2019. Le but est de dénoncer également les atteintes à la liberté d’expression en Algérie. Ce rendez-vous musical coïncide, par ailleurs, avec la veille de l’Aîd El-Fitr (fête des musulmans qui marque la fin du mois de jeûne du Ramadan).

« Songs for Freedom »

Cette initiative, appelée « Songs for Freedom » (Chants de liberté), est née à l’initiative d’un collectif d’Algériens, Free Algeria, établi aux Etats-Unis, rejoint par la suite d’autres artistes et associations d’Algériens basés en France et par le média alternatif Radio Corona Internationale du journaliste Abdellah Benadouda.

Contacté par téléphone, Youcef Loldj, membre de Free Algeria, à l’origine de cette initiative, souhaite témoigner sa solidarité pour tous les détenus d’opinion : « L’objectif est de marquer une pensée aux détenus d’opinion qui fêteront l’Aîd El-Fitr derrière les barreaux et loin de leurs familles », nous dit-il, avant d’adresser un appel aux prisonniers : « vous n’êtes pas seuls ».

Par ailleurs, les organisateurs tiennent à préciser que l’évènement musical en question « sera diffusé samedi à partir de 21h, heure d’Alger en ligne sur plusieurs pages Facebook  :

Parmi les artistes qui participeront à l’initiative, le groupe algéro-québecois Labess, le rockeur Cheikh Sidi Bémol et la chanteuse et la célèbre de pop Amazigh (Berbère), Amel Zen. La star Souad Massi a aussi promis de se joindre à l’évènement.

« Amehvus N Theleli »

Contactée par la rédaction afrik.com, l’artiste engagée Amel Zen va interpréter ce soir, en langue Tamazight, « Amehvus N Theleli » ( Détenu de la liberté), afin « de demander la libération inconditionnelle et imminente de tous les détenus d’opinion et politique ». Le titre « Amehvus N Theleli », écrit par Bendaoud Abdellah, est l’un des œuvres artistiques dédiés aux militants qui se voient incarcérés « arbitrairement », depuis le début du Hirak.

Pour Amel Zen « ni le meurtre, ni le vol et ni la corruption, ont conduit les détenus d’opinion en prison, mais pour leurs idées et leur soif de liberté ». Déterminée, elle donne serment, à travers sa voix, à ne plus lâcher-prise la cause des dizaines détenus et des milliers d’algériens qui demandent, depuis le 22 février 2019, « un changement démocratique pour une Algérie nouvelle ». « Ce n’est pas normal de continuer à réprimer les libertés », souligne-t-elle.

« J’ai toujours soutenu les détenus et je continuerai à le faire jusqu’à leurs libération totale, je joins ma voix à cette cause juste, pour une Algérie libre et juste », nous dit-elle.

Elle considère, entre autres, l’Aîd El-Fitr en cette conjoncture particulière, marquée par l’arrêt forcé des manifestations populaires chaque du Hirak, pour cause de l’épidémie de Covid-19, que « ce n’est pas un Aïd », car selon elle « c’est une fête amère, tant que nos détenus croulent encore derrière les barreaux ».

De la musique together

« Maranech Habsine, Maranech Saktine ! » ( On ne s’arrêtera pas ! On ne se taira pas ! Pour un État de droit ! Pour une liberté d’expression ! », c’est les slogans que les organisateurs ont choisis pour soutenir les détenus d’opinion.

Les artistes vont, en effet, chanter « pour ceux qui sont privés de liberté ». Un message clair, selon eux, « pour dire tous ensemble, les détenus ne sont pas seuls ».

Pour rappel, au moins quinze (15) militants ont été condamnés cette semaine à des peines de prison ferme, dont trois pour leurs publications sur les réseaux sociaux. Le « Hirak » réclame un changement du « système » en place depuis l’indépendance du pays en 1962 et que « tous les symboles de l’État soient déracinés ».

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