TUNeZINE vivra !


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Personne ne sait où se trouve Zouhair Yahyaoui, alias d’Ettounsi, le créateur du magazine en ligne TUNeZine, arrêté par la police tunisienne le 4 juin dernier. Sophie Elwarda, journaliste, s’avoue inquiète pour son collègue mais a déjà repris le flambeau depuis la France en assurant la pérennité du site. Interview.

Le créateur et webmaster du magazine en ligne TUNeZINE a été arrêté le 4 juin dernier par la police tunisienne. Personne ne sait actuellement où il est détenu. Les internautes le connaissaient sous le nom d’Ettounsi. Il s’appelle Zouhair Yahyaoui. Sa véritable identité a été révélée par son oncle pour alerter l’opinion internationale. Matériel saisi, site fermé, la police de la pensée croyait avoir muselé le journal. Il n’en est rien car Sophie Elwarda, pseudonyme, journaliste à la rédaction de TUNeZINE, avec quelques sauvegardes du site, a repris la relève depuis Paris. Elle se décrit comme une sympathisante de la cause humaine tunisienne.

Afrik : Comment avez-vous reçu la nouvelle de l’arrestation de Zouhair ?

Sophie Elwarda : ça a été terrible. On sait seulement qu’il a été emmené le 4 juin au soir par six policiers en civil sur son lieu de travail. La police est allée chez lui pour saisir tout son matériel. Nous ne savons même pas où il est. Ses avocats non plus. Nous sommes extrêmement inquiets. On se pose beaucoup de questions sur ce qui peut éventuellement se passer avec les services spéciaux du ministère de l’Intérieur.

Afrik : Le journal a presque un an. Pourquoi l’ont-ils arrêté seulement aujourd’hui ?

Sophie Elwarda : Les écrits du journal devenaient dérangeants pour le régime. Le site commençait à avoir un réel impact. Il était consulté par toutes les tendances de l’opposition tunisienne. Nous étions souvent repris dans la mailing list de Tunisnews, nous avons même été repris dans la rubrique  » Le fait du jour  » du Courrier international. Le site était déjà censuré dans le pays, mais nous avions trouvé un moyen de contourner la censure en nous connectant sur un autre serveur accessible.

Afrik : Zouhair travaillait depuis la Tunisie. Etait-il vraiment conscient des risques qu’il prenait ?

Sophie Elwarda : Tout à fait conscient des risques.

Afrik : Combien étiez-vous à la rédaction de TUNeZINE et comment travailliez-vous ?

Sophie Elwarda : Nous sommes un noyau dur de quatre à cinq personnes. Et nous travaillons essentiellement par mail. Participent aussi à la rédaction tous les internautes de notre forum dont nous prenons les meilleures contributions.

Afrik : Que se passe-t-il pour le site maintenant ?

Sophie Elwarda : Les autorités tunisiennes avaient complètement effacé le site. Mais j’avais quelques sauvegardes de pages web et j’ai passé deux jours à essayer de recréer le site et remettre tout ce que je pouvais en ligne.

Afrik : Vous avez donc repris la relève ?

Sophie Elwarda : Si ce n’est pas moi qui l’avais fait, un autre dont je ne connaîtrais peut-être pas le nom l’aurait fait à ma place.

Afrik : Vous n’avez pas peur pour vous ?

Sophie Elwarda : Pas vraiment, puisque je suis française et que je vis en France.

Afrik : En n’étant pas tunisienne, ne craignez-vous pas qu’on vous fasse un procès en légitimité pour votre engagement ?

Sophie Elwarda : Je ne suis pas une opposante tunisienne. Je suis uniquement une sympathisante de la cause humaine tunisienne. Je suis une personne libre et j’ai la sensibilité et les affinités que je veux. Je ne me bats pas seulement pour Zouhair, il y a beaucoup d’autres personnes enfermées dans le pays pour délit d’opinion. Je me bats pour l’abolition de la torture et de la répression. La nationalité n’a rien à voir là-dedans.

Le site TUNeZINE ne fonctionne plus aujourd’hui.

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