Togo : l’UFC fracturée


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Les Togolais ont manifesté en nombre, samedi, dans les rues de Lomé. Ils réagissaient à l’accord signé entre l’opposant historique Gilchrist Olympio, leader de l’Union des forces de changement (UFC), et le pouvoir. Un accord destiné à octroyer sept postes ministériels à l’opposition dans le gouvernement. Les partisans de l’UFC d’une part, et les sympathisants du parti au pouvoir d’autre part, ont organisé des défilés. Gilchrist Olympio a été suspendu vendredi de son parti par le bureau national.

Prévisible retour de bâton. L’opposant et leader de l’Union des forces de changement (UFC), Gilchrist Olympio, a été temporairement suspendu de son parti, vendredi, par le bureau national, après avoir signé un accord avec le Rassemblement du peuple togolais (RPT) au pouvoir, destiné à faire entrer l’opposition au gouvernement en attribuant sept postes ministériels sur 31 aux membres de l’UFC. Ce limogeage concerne également ces sept nouveaux ministres, qui sont : Elliott Ohin, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Djimon Ore, ministre de la communication, François Agbéviadé Galley, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Cina Lawson, ministre des Postes et Télécommunications, Bakalawa Fofana, ministre de l’Industrie, de la Zone Franche et des Innovations technologiques, Komlan Nunyabu, ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat et Hamadou Brim Bouraïma- Diabacte, ministre de l’Enseignement technique et de la Formation Professionnelle. Une sélection qui en laisse certains perplexes. «Ceux qui ont été choisis, on ne les connaît pas, on ne les a jamais vus», a déclaré Patrick Lawson, 1er vice-président de l’UFC.

Une double-manifestation à Lomé

Cette alliance politique a provoqué des sentiments ambivalents chez les Togolais. De la colère d’une part. Des milliers de mécontents ont défilé, samedi, dans les rues de Lomé, la capitale, pour dénoncer cette signature. « A bas les traîtres », « Gilchrist Olympio le killer », pouvait-on lire sur les pancartes des partisans UFC. « Gilles (Olympio) a reçu la sanction qu’il mérite parce qu’il a trahi notre parti. Nous ne voulons plus de lui », a déclaré un manifestant à l’AFP. D’autre part, le même jour, en marge de cette grogne, des manifestants, moins nombreux, étaient rassemblés pour saluer la « politique d’ouverture » du gouvernement. « C’est une manifestation organisée par les forces vives de la nation pour soutenir la politique de réconciliation, d’apaisement social et d’ouverture » du chef de l’Etat, a confié Solitoki Esso, secrétaire général du Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir) à l’AFP.

L’UFC divisée

Décrit comme un « engagement historique » par Gilchrist Olympio, cet accord divise les membres de l’UFC. Le parti, désormais fracturé, accuse ouvertement Olympio d’avoir fait cavalier seul dans cette démarche. Jean-Pierre Fabre, secrétaire général de l’UFC et candidat du Front républicain pour l’alternance et le changement (FRAC, coallition de partis d’opposition) aux élections présidentielles du 4 mars dernier, s’est insurgé contre son collègue : « Nul n’est au dessus des textes de notre parti (…) M. Olympio passera devant le conseil de discipline qui peut l’exclure définitivement », a-t-il expliqué à un journaliste de l’AFP. Une indignation partagée par Kofi Yamgnane, leader du parti politique Sursaut Togo, membre du Frac. « La lutte vieille de 20 ans de celui qui s’est fait appeler […] « le seul vrai opposant qui refuse d’aller à la soupe », a pris fin aujourd’hui. Cette lutte a fait tellement de morts, de blessés, de réfugiés, de destructions de maisons d’habitation, d’ateliers, d’usines…. qu’on est en droit de se poser une question simple: tout ça pour ça? », s’est-il interrogé. Gilchrist Olympio, lui, ne s’est pas exprimé quant à la décision de suspension prise à son égard par le bureau national de son parti.

 La liste des 31 membres du nouveau gouvernement

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