Terrorisme en Mauritanie : la menace se précise


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Les autorités mauritaniennes sont formelles. Le kamikaze qui s’est fait exploser, samedi, devant l’ambassade de France, à Nouakchott, serait un membre du mouvement salafiste. Selon le ministère de l’Intérieur du pays, interrogé lundi, il aurait été entraîné « dans les camps » du Sahara. Une information qui atteste de la radicalisation du terrorisme en Mauritanie.

La menace terroriste pèse sur la Mauritanie. Le kamikaze qui s’est fait exploser, samedi, devant l’ambassade de France à Nouakchott aurait été « recruté par les salafistes » et entrainé « dans des camps » au Sahara, selon le ministre mauritanien de l’Intérieur interrogé, lundi, par RFI. Un type de procédé « tout à fait nouveau » dans le pays. Alors que le secrétaire français d’Etat à la coopération, Alain Joyandet, accueillait lundi les deux gendarmes blessés dans l’attentat à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle et renouvelait « la détermination à lutter contre le terrorisme », Nouakchott s’interroge toujours sur les circonstances de ce drame. Pour l’heure, aucun lien entre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et l’attentat n’a encore été établi. Le ministre mauritanien s’est contenté d’assurer que les enquêteurs étaient « sur une bonne piste ». « On a arrêté pendant ce mois plusieurs personnes qui voulaient faire des actions pareilles », a-t-il expliqué.

Le kamikaze, membre de la mouvance djihadiste ?

Concernant le kamikaze âgé de 22 ans, là aussi tout reste encore assez flou. Les autorités, prudentes, affirment ne pas avoir d’informations sur son présumé intégrisme. Mais d’autres personnes sont plus disertes. Ainsi, un responsable de la police interviewé par l’AFP, lundi, identifie « formellement » le jeune mauritanien « comme un membre de la mouvance djihadiste ». Une thèse appuyée par Nouakchott info. Selon le quotidien, deux jeunes Mauritaniens, détenus pour leur participation présumée à l’attaque menée en 2008 contre des soldats à Tourine (extrême nord), auraient été extraits de la prison de Nouakchott pour identifier le corps du kamikaze et l’auraient formellement identifié.

Depuis deux ans, la Mauritanie est la cible de la branche maghrébine d’Al-Qaïda. Quatre touristes français y ont été assassinés fin 2007 et un ressortissant américain y a été tué par balles le 23 juin. Des attaques qui risquent de s’intensifier. En effet, selon un diplomate occidental interrogé par RFI, les jeunes djihadistes, traqués par le Mali où ils auraient leurs camps, seraient de plus en plus nombreux à rejoindre la Mauritanie. Anciennement le fief des terroristes, le pays a fait aujourd’hui le choix de combattre l’implantation du terrorisme sur son territoire en élisant en juillet le général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz qui a promis de combattre sans ménagements Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).

Un acte unanimement condamné

C’est d’ailleurs dans cette logique que les plus éminents religieux mauritaniens et la classe politique ont unanimement condamné l’attentat de samedi qu’ils estiment être « un procédé totalement étranger » à la société mauritanienne et à l’islam. Ce type d’action « ne peut se justifier dans aucune religion du monde », a déclaré à l’AFP l’imam de la grande mosquée de Nouakchott, Ahmedou Ould Lemrabot. Ce jeune homme qui « s’est tué et a tenté de tuer d’autres personnes » ne « goûtera pas au paradis promis par Allah et son prophète Mahomet aux musulmans », a-t-il insisté. Pour les religieux, l’islam ne peut être en aucun cas associé aux actes terroristes des djihadistes qui souhaitent l’extermination des non musulmans. « Ce sont des gens qui n’ont pas une bonne appréhension de notre religion, ils s’attaquent d’abord à eux-mêmes puis aux étrangers, dont la quiétude et la sécurité sont exigés par les percepts de l’islam », explique le chef spirituel des islamistes du parti Tawassoul (modéré), Mohamed Hassan Ould Dedew.

De son côté, la classe politique, très divisée depuis le coup d’Etat mené il y a un an par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a rejeté unanimement « l’acte barbare ». L’Union pour la République (UPR) – parti majoritaire au Parlement, qui soutient l’action du général Aziz – a appelé à constituer « une union sacrée » autour du nouveau chef d’Etat « face au terrorisme », qui semble se radicaliser, de jour en jour, dans le pays.

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