Tchad : les rebelles progressent, Déby accuse


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La situation sécuritaire au Tchad ne cesse de se dégrader. Am-Zoer, située à une centaine de kilomètres d’Abéché dans l’Est tchadien, est aux mains des rebelles depuis mardi. Ce nouveau succès fait trembler une fois de plus le fragile régime d’Idriss Déby. Le chef d’Etat remet aujourd’hui en cause « l’utilité » de la Force Européenne EUFOR basée dans l’Est du Tchad. Le gouvernement accuse par ailleurs, mardi, le Soudan d’avoir attaqué sa frontière.

Plus que 700 kilomètres à parcourir avant d’atteindre la capitale si convoitée de N’Djamena. Après Goz Beida samedi, Am-Dam dimanche et Biltine lundi, c’est au tour de la ville d’Am-Zoer, située à 70 kilomètres d’Abéché dans l’Est du Tchad, d’avoir cédé aux rebelles, a annoncé mardi Ali Gueddei, porte-parole de l’Alliance Nationale. Depuis ce week-end, leur progression se fait donc de plus en rapide au grand dam du président tchadien Idriss Déby. Pour le moment, aucun bilan des victimes n’a été établi. L’offensive lancée mercredi du Soudan par l’Alliance, qui regroupe les factions rebelles du Tchad, semble être un succès pour la coalition. Elle met le régime au pouvoir en grande difficulté.

Cependant, l’Alliance Nationale ne compte pas rester à Am-Zoer très longtemps. Comme pour les villes de Goz Beida, Am-Dam et Biltine, la prise d’Am-Zoer ne constitue pour les rebelles qu’une étape avant Abéché, la ville la plus importante de l’Est du pays où se trouve la principale garnison de l’armée régulière. Une place forte qui aiguise les appétits de l’Alliance Nationale. Et pour cause : Abéché se trouve être la principale base opérationnelle des humanitaires vers le Soudan où sont stationnés de nombreux hélicoptères de combat de l’armée régulière. Pour éviter une débâcle sévère, Abéché est d’ores et déjà bouclée par les forces gouvernementales.

Idriss Déby remet en cause la neutralité de l’EUFOR

Face à ses échecs, M. Déby accuse la force européenne de « fermer les yeux » sur le « massacre programmé » de civils et de réfugiés perpétré par les rebelles. «Nous avons le droit de nous interroger sur l’efficacité d’une telle force, ou sur l’utilité de sa présence au Tchad», a déclaré le chef de l’Etat lundi. Cependant, l’EUFOR, déployée dans l’Est du Tchad, n’est pas destinée à jouer le rôle de suppléant aux troupes gouvernementales. Selon son mandat, la force, neutre, est chargée de faciliter le travail des ONG et de protéger les quelques 500 000 réfugiés du Darfour et déplacés internes tchadiens et centrafricains. Son intervention militaire, lundi, à Goz Beïda (Est), n’était que de la « légitime défense » selon les hauts responsables de la force.

D’autre part, M. Déby n’a pas hésité lundi à parler d’«un complot international» mis en œuvre « pour replonger son pays dans la guerre civile ». Une remarque adossée directement au Soudan, ennemi juré du Tchad qui a rompu ses relations diplomatiques en mai dernier.

Le gouvernement tchadien affirme avoir été attaqué par le Soudan

Plus que l’EUFOR, c’est le Soudan qui fait l’objet de critiques acerbes de la part du gouvernement tchadien. Cette fois, il affirme avoir été attaqué à la frontière est par ce dernier. « L’armée soudanaise est entrée elle-même en action ce matin (mardi, ndlr) en attaquant la garnison de l’armée à Adé avec des troupes au sol appuyés par des hélicoptères », a déclaré mardi le gouvernement. Une affirmation à laquelle le Soudan n’a pas encore réagi. Elle annonce cependant un nouveau bras de fer entre les deux pays qui s’affrontent depuis des années par rebellions interposées.

Confortés par la neutralité affichée par la France, les rebelles continuent de se rapprocher dangereusement d’Abéché tout en gardant N’Djamena en ligne de mire. Le régime Déby était à deux doigts d’être renversé en février dernier. Cette fois, sans l’aide de la France, ce pourrait être la bonne opération pour les rebelles. « Ils (les pouvoirs publics de N’Djamena, ndlr) sont aux abois », a affirmé M. Gueddei mardi. Les prochains combats à Abéché s’annoncent rudes.

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