Sydia Touré : « Le second tour du 18 juillet devra être reporté »


Lecture 4 min.
arton20269

Sydia Touré est un candidat en colère. Arrivé troisième lors du premier tour des présidentielles guinéennes, il revendique la place d’Alpha Condé, arrivé en deuxième position. Le président de l’Union des Forces républicaines (UFR), lui reproche d’avoir « bourré les urnes » avec la complicité de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et du président de transition, le général Sékouba Konaté. Interview.

Sydia Touré fait figure de troisième roue du carrosse. Le président de l’Union des forces républicaines (UFR) n’a pas remporté le premier scrutin du 27 juin dernier. Candidat malheureux, il se trouve à la traîne avec 15,60 % des suffrages, derrière Alpha Condé du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), arrivé en deuxième position avec 20,27%, et Cellou Dalein Diallo, candidat de l’Union des Forces démocratiques de Guinée (UFDG) en tête avec 39,72% des suffrages. Sydia Touré, dont les partisans ont été réprimés lundi par les forces de sécurité guinéennes, conteste ses résultats et parle de « fraude électorale ». Selon le président de l’UFR, le parti d’Alpha Condé aurait « bourré les urnes » avec la participation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et du président de transition, le général Sékouba Konaté. Interview de ce candidat qui compte saisir prochainement la Cour suprême qui aura trois jours pour se prononcer sur la validité du premier tour.

Afrik.com : Quelle est votre réaction après l’intervention des forces de sécurité guinéennes lors de la manifestation de vos partisans ?

Sydia Touré :
Nous avons dénoncé cette répression même si cette manifestation n’avait pas été organisée par notre parti. Il y avait beaucoup de femmes et des jeunes des quartiers de Conakry qui sont descendus dans les rues pour protester contre la fraude électorale. Ce genre de contestation est symptomatique de notre société, les habitants ne veulent plus qu’on leur mente. Ils veulent installer la démocratie dans notre pays.

Afrik.com : Vous parlez de « fraude électorale ». Pourquoi ? Selon vous, qui sont les responsables ?

Sydia Touré :
C’est une fraude massive, ils ont bourré les urnes et ils ont fait signer des procès verbaux à n’importe qui. Les résultats ont donc été truqués. Ils ne reflètent pas la réalité. Depuis le 27 juin, date du premier scrutin, on retrouve des urnes en Guinée qui avaient été dissimulées ! Ce que nous demandons c’est l’annulation de plus de 280 000 voix attribuées au Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), le parti d’Alpha Condé dont les fiches ont été réintégrées après la proclamation des résultats.

Afrik.com : La Commission électorale serait donc derrière Alpha Condé et l’aurait aidé à accéder à la seconde place…

Sydia Touré :
Oui avec l’aide du président de transition, le général Sékouba Konaté. Maintenant je me demande pourquoi.

Afrik.com : Vous avez déclaré dans un communiqué de presse que la CENI avait agit en sous main pour « éviter de mettre en colère les plus grandes ethniques du pays ». Cela pourrait peut-être expliquer pourquoi elle soutient Alpha Condé…

Sydia Touré :
Nous sommes un parti transversal, nous n’avons pas ce genre de considérations ethniques, dans la mesure où nous ne représentons- les Diakanké- que 2% de la population. Pour le reste, tout ce que je sais c’est que nous ne fonctionnons pas comme ça.

Afrik.com : Quand comptez-vous saisir la Cour suprême ? Si vous n’obtenez pas gain de cause, doit-on craindre des affrontements ?

Sydia Touré :
Nous pensons être prêts jeudi. Pour les affrontements, je ne pense qu’ils auront lieu, nous sommes un parti pacifique. En dix ans, rien ne s’est jamais passé. Et nous ferons tout pour que la situation ne change pas.

Afrik.com : Le deuxième tour des présidentielles sera-t-il toujours maintenu ?

Sydia Touré :
Non, le second tour du 18 juillet devra être reporté car il faut d’abord que la Cour suprême épuise les recours déposés par les partis.

Lire aussi :

 Elections en Guinée : Sydia Touré contre-attaque

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News