Soudan : la révolte gagne du terrain à Khartoum


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Lancées il y a trois semaines par des étudiants, les manifestations contre la vie chère s’intensifient au Soudan. Les protestataires sont à nouveau descendus ce vendredi dans les rues de Khartoum. Ils comptent amplifier le mouvement de contestation samedi à l’occasion du 23e anniversaire du coup d’Etat du président Omar el-Béchir.

La révolte soudanaise en marche ? Les manifestations contre les mesures d’austérité prises par le président Omar el-Béchir s’intensifient. « Khartoum, soulève-toi ! » « Le peuple veut changer le régime ! » « A bas le régime », tels sont les slogans scandés par les protestataires. Ces derniers ont prévu de manifester à nouveau samedi à l’occasion du 23e anniversaire du coup d’état conduit par le président Omar el-Béchir. Ils espèrent rassembler davantage de monde pour que la contestation ne s’essouffle pas.

Le mouvement a été lancé le 16 juin par des étudiants qui protestaient contre la hausse des prix des denrées alimentaire et la suppression des subventions sur le carburant. Ces derniers ne sont désormais plus seuls à exprimer leur colère contre le régime en place. Ils ont été rejoints par des membres de la société civile. Les manifestations ont souvent lieu à Khartoum, la capitale soudanaise, et dans d’autres villes du pays. Selon les organisations de défense des droits de l’Homme, près de 10 000 personnes auraient au total participé à la contestation les dix premiers jours à Khartoum.

Malgré l’intervention des forces de l’ordre, les protestataires semblent décider à aller jusqu’au bout. De nombreux manifestants sont à nouveau descendus dans les rues de Khartoum, ce vendredi. Ils se sont rassemblés devant l’une des plus grandes mosquées de la capitale. La manifestation a été dispersée par les forces de police qui ont fait usage de gaz lacrymogène alors que des jeunes leur lançaient des pierres.

« Ces manifestations sont les plus importantes »

« Nous avons déjà vu des manifestations auparavant, mais je pense que beaucoup s’accorderont pour dire que celles-ci sont les plus importantes », indique une source diplomatique. Elle fait état toutefois du manque d’organisation de la contestation. Pour ce responsable religieux, « la majorité des gens souffrent ». D’après lui, « la plupart des gens veulent le départ du gouvernement mais l’opposition politique est faible et trop effrayée par le régime ». La peur des Soudanais est en train de disparaître, estime, pour sa part, cet avocat militant. D’ailleurs jeudi, plusieurs centaines de ses confrères, vêtus de leur robe noire, sont descendus dans la rue pour défendre « le droit constitutionnel de manifester ».

Le président Omar el-Béchir est quant à lui sorti de son mutisme. Il estime que les manifestants ont été manipulés, affirmant que la mobilisation est loin d’être celle des révolutions arabes. Quoi qu’il en soit, le chef d’Etat ne dort plus sur ses deux oreilles. L’économie soudanaise s’est effondrée. Le pays a perdu les trois-quarts de ses revenus pétroliers depuis que le Soudan du Sud a pris son indépendance le 9 juillet 2011. Le taux d’inflation a atteint des taux records. La monnaie a chuté. Depuis la scission, le Soudan peine à retrouver ses marques.

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