Somalie : les troupes éthiopiennes lèvent le camp


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Les forces éthiopiennes ont quitté, mardi, deux de leurs principales positions à Mogadiscio, la capitale somalienne. Elles exécutent ainsi la promesse faite par Addis-Abeba de retirer les troupes qu’elle a envoyées en 2006 dans ce pays pour soutenir le gouvernement de transition face aux forces des tribunaux islamiques. Sur le terrain, seule la force de l’Union africaine qui compte un peu plus de 3 000 soldats aura la rude mission de maintien de la paix.

« C’est un grand jour. C’est la première fois en deux ans qu’on voit la zone sans les troupes éthiopiennes. On espère que le reste des troupes va également quitter le pays ». Tels sont les propos d’un habitant de Mogadiscio, la capitale somalienne, cité par l’Agence France presse. Son sentiment est partagé par des centaines de ses concitoyens. Ceux-ci se sont rendus, mardi, au camp militaire d’Heylebarise et dans une ancienne usine de fabrication de pâtes pour s’assurer qu’ils ont été effectivement abandonnés par l’armée éthiopienne. Ces deux sites ont été désertés dans la nuit de lundi à mardi. Des miliciens islamistes modérés ont immédiatement pris le contrôle de « ces quartiers pour éviter un vide sécuritaire », a indiqué un de leurs responsables, Sheikh Hassan Osman.

L’Ethiopie, présente en Somalie depuis 2006 pour soutenir le gouvernement de transition face aux milices des tribunaux islamistes, met ainsi à exécution son plan de retrait du territoire somalien. Début janvier 2009, le pays avait déjà annoncé qu’il avait entamé le plan de retrait final de ses troupes du territoire somalien. Il avait alors précisé que cette opération « allait prendre du temps ». Les soldats éthiopiens restent encore positionnés sur d’autres sites stratégiques de la capitale, comme le palais présidentiel, le stade et l’ancien ministère de la Défense.

En 2006, lorsqu’elle mettait pied en Somalie, l’Ethiopie avait justifié cette intervention par la menace que représentaient les milices des tribunaux islamiques pour sa sécurité. Mais depuis, les violentes attaques des « shebab », combattants extrémistes islamistes, dont elle fait régulièrement l’objet, ont poussé l’armée éthiopienne à se retirer de ce bourbier militaire.

La balle est désormais dans le camp des Somaliens

Selon, Ahmedou Ould-Abdallah, l’envoyé spécial des Nations unies pour la Somalie, « les Ethiopiens ont respecté leur engagement. La balle est désormais dans le camp des Somaliens, en particulier de ceux qui affirmaient seulement se battre contre les troupes éthiopiennes, afin de mettre fin aux massacres et à la violence insensés ». Les islamistes somaliens, auteurs de ces violences, ont toujours affirmé se battre contre ce qu’ils appellent « l’occupation éthiopienne ». Désormais, seule la force de paix de l’Union africaine (Amisom) qui compte 3 400 soldats déployés depuis mars 2007, sera présente sur le terrain.

M. Ould-Abdallah a également appelé les Somaliens à élire un nouveau président « capable et stimulant ». Le 29 décembre, Abdullahi Yusuf Ahmed qui tenait, jusque-là, la magistrature suprême a rendu le pouvoir faute d’avoir instauré la paix et la démocratie dans le pays en proie à la guerre civile depuis 1991.

Aussitôt après leur départ, le Premier ministre somalien, Nur Hassan Hussein, a salué les soldats éthiopiens. « Nous les félicitons pour le bon travail qu’ils ont accompli », a-t-il déclaré. Même si le retrait des soldats éthiopiens de Somalie laisse de grosses inquiétudes sur la situation sécuritaire du pays.

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