Sida : fin de la pandémie dans 40 ans ?


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Des chercheurs canadiens sont arrivés à la conclusion que les antirétroviraux permettent de réduire chez la personne traitée, le risque de transmettre à son tour le virus du sida. Dans le même temps, la pandémie commence à reculer. Généraliser les traitements permettrait, en plus des efforts de prévention, d’éradiquer le virus responsable du sida, dans les quarante prochaines années.

Un parfum d’espoir embaume les travaux de la 18e conférence internationale sur le sida qui s’est ouvert ce dimanche à Vienne, la capitale autrichienne : à l’horizon 2050, c’est-à-dire dans quarante ans, le sida pourrait avoir été jeté dans la corbeille des mauvais souvenirs de l’histoire de l’humanité. En effet, en dépit d’une augmentation des cas de transmission du VIH, virus responsable du sida en Europe Orientale et en Asie Centrale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) constate au niveau mondial, une baisse de la prévalence de cette maladie, qui a fait 25 millions de morts depuis le début de la pandémie dans les années 80. Entre 2001 et 2008 indique l’OMS, le nombre de personnes infectées par le virus a ainsi baissé de 17% de par le monde. En Afrique, principal foyer de la pandémie, le nouveau rapport de l’OMS relève une baisse de 25% du nombre de cas de sida, chez les jeunes de 15 à 24 ans, dans les 25 pays les plus touchés. Par exemple au Kenya la prévalence du VIH chez les jeunes a chuté de 60%, entre 2000 et 2005.

Les antirétroviraux freinent la transmission du VIH

Mieux que la prévention qui s’est améliorée un peu partout, les experts expliquent cette inversion de tendance par la généralisation des traitements aux antirétroviraux. En plus de prolonger la vie des personnes infectées sans les guérir totalement de la maladie, ceux-ci auraient aussi pour effet de réduire chez elles, le risque de transmettre à leur tour le virus à des tiers. Une étude menée au Canada par l’équipe du Pr Julio Montaner, directeur du Centre de lutte contre le sida à Vancouver et président de l’International Aids Society qui organise la Conférence internationale de Vienne a ainsi montré qu’en 13 ans, entre 1996 et 2009, alors qu’on assistait à une augmentation du nombre de personnes traitées gratuitement à l’aide d’antirétroviraux, le nombre de nouveaux diagnostics de séropositivité a connu une baisse de 52%, passant de 702 à 338. « Pour cent personnes de plus sous trithérapie, le nombre de nouveaux cas baisse de 3% », a relevé l’étude. Ces résultats, estiment les chercheurs, ne peuvent pas être dus à une amélioration du comportement sexuel. Pendant la période de l’étude expliquent-ils, les taux d’infections sexuellement transmissibles ont augmenté. « Nos résultats confirment le second bénéfice des traitements, qui est de réduire la transmission du VIH. Ils incitent à réexaminer la dichotomie établie entre prévention et traitement du VIH », concluent-ils.

Dans son dernier rapport publié il y a quelques jours, l’Onusida ne dit pas autre chose. « On considère que garantir un accès au traitement à tous ceux qui en ont besoin pourrait permettre de réduire jusqu’à un tiers les nouvelles contaminations chaque année», soutient l’organisme onusien chargé de coordonner la lutte contre le VIH au niveau mondial. Comme tous les principaux organismes de lutte contre la pandémie, l’Onusida estime que soigner les malades doit être élevé au rang de priorité, au même titre que les actions visant à empêcher de nouvelles contaminations. En combinant les deux stratégies, le VIH pourrait être éradiqué à l’horizon 2050, analyse l’OMS.

Maintenir l’effort de financement de la gratuité des soins

Le principal problème reste donc l’extension des soins à tous les séropositifs, ce qui est loin d’être gagné. L’Onusida a mis au point une nouvelle stratégie de lutte contre la pandémie baptisée « Traitement 2.0 ». Objectif : favoriser l’accès du plus grand nombre de malades aux antirétroviraux. Car, sur les quelques 33 millions de personnes qui vivraient avec le virus du sida dans le monde, seulement 5, 2 millions recevaient un traitement à la fin de l’année dernière. Dans certains pays africains comme le Cameroun, les Organisations non gouvernementales dénoncent même une baisse des financements internationaux alloués à la lutte contre le sida.

L’Onusida a appelé les donateurs à ne pas réduire leurs investissements, à un moment où la lutte contre la pandémie commence à donner des résultats. De son côté, l’ancien président américain, Bill Clinton, a plaidé pour un usage plus efficace des fonds collectés. « Dans beaucoup de pays, beaucoup trop d’argent va à trop de gens qui vont à trop de réunion, qui prennent trop d’avions pour faire trop d’assistance technique », a-t-il martelé ce lundi, dans un discours prononcé à Vienne. Il a conseillé que l’argent serve prioritairement à soutenir les plans nationaux de santé des pays en développement, en s’appuyant sur des collectivités et organisations locales.

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