Sénégal, Maroc : la vérité sur le trafic d’engrais offerts par Mohammed VI


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Mohammed VI du Maroc
Le roi du Maroc, Mohammed VI

Alors que les prix de l’engrais sont quasiment hors de portée au Sénégal, on apprend une fraude massive dans la filière. De l’engrais en provenance du Maroc détourné à d’autres fins.

En avril 2021, une information donnait des sueurs froides aux agriculteurs de la région de Koalock et du Sénégal entier. Le prix de l’engrais avait alors triplé dans la région jadis appelée Bassin arachidier. A l’époque, Tamsir Ndiaye, Secrétaire général du Syndicat national des paysans sénégalais, avait tiré la sonnette d’alarme.

Détresse des paysans sénégalais

« De 12 mille francs, le prix du sac est passé à 30 mille francs », avait lancé ce paysan qui ajoutait ainsi que ces prix étaient hors de portée des agriculteurs. Et de dénoncer : « il est inconcevable que, dans un pays comme le Sénégal qui produit de l’engrais, cette substance chimique soit aussi chère ». Un cri du cœur lancé par un paysan dans la détresse.

M. Ndiaye n’avait pas raté l’Etat, relevait Senenews, déplorant le silence des autorités qui n’ont « absolument rien fait dans ce sens, car aucun gramme d’engrais n’a été livré aux paysans à l’heure actuelle ». Il avait alerté que les rendements agricoles étaient « partis pour être très mauvais ». Le président de l’Association des agriculteurs du bassin arachidier avait, lui aussi, réagi.

Face à la cherté de l’engrais, Ibrahima Badiane invitait les paysans à choisir la culture à pratiquer, s’ils ne voulaient pas être surpris par la qualité des récoltes. Comme si cet appel était lancé au roi Mohammed VI. En effet, quelques mois après, le Maroc mettait à la disposition du Sénégal 25 000 tonnes de fertilisants. Ce qui, visiblement, n’avait pas beaucoup fait baisser le prix de ce produit.

Reconditionné et redéployé sur le marché

A juste raison, si cet engrais est détourné à d’autres fins, comme révélé, en fin de semaine, par la presse. D’ailleurs, réagissant à l’information de Seneweb, un internaute s’est dit scandalisé. « 2 000 tonnes à 300 millions francs CFA, soit 150 000 francs CFA la tonne, soit 7 500 francs CFA le sac de 50 kg… Ce sac est proposé à 30 000 francs CFA sur le marché. Vous y comprenez quelque chose ? », demande cet auteur sous le pseudo Paysan.

Il s’agit d’engrais en provenance du Maroc, dans des sacs avec le logo OCP, comme l’a souligné la presse. Si cet engrais se retrouve dans des sacs portant le logo de la Gambie, il y a de fortes chance, non pas que cet engrais soit vendu en Gambie. La grande probabilité est que cet engrais allait être redéployé sur le marché sénégalais, comme étant un produit importé de la Gambie. Pour ainsi pouvoir le vendre cher.

Une pénurie d’engrais créée

Dès lors, aucune trace de l’OCP et du Maroc. Il est donc fort probable qu’une pénurie d’engrais ait été créée par des spéculateurs. Ces derniers, aidés d’on ne sait qui, ont sans doute réussi à faire main basse sur les fertilisants alloués par le Maroc. La rétention de cet engrais ayant pour objectif de rendre ce produit rare sur le marché. Ce qui pourrait justifier la flambée des prix des fertilisants au Sénégal.

Alors que 5 000 autres tonnes d’engrais, encore allouées par le Maroc, étaient annoncées en février dernier. Une affaire qui ne sent pas bon du tout. Si une enquête est ouverte, des têtes vont, pour sûr, tomber. Reste aussi à savoir si le Maroc n’a pas de répondant au Sénégal s’agissant de ces engrais. Si c’est le cas, il y a de fortes chances que celui-ci soit impliqué dans cette fraude à grande échelle.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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