Sénégal : Alerte aux crèmes dangereuses


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Peau éclaircie (illustration)
Peau éclaircie (illustration)

De Kinshasa à Dakar en passant par Yaoundé, les femmes africaines se décapent au prétexte que le teint clair plaît aux hommes. Les graves maladies dermatologiques constatées font réagir les médecins sénégalais.

Les spécialistes sénégalais de la peau ont appelé le gouvernement à interdire l’importation des produits éclaircissants. Pour ces dermatologues, dont le Docteur Mame Thierno Dieng de l’Hôpital le Dantec à Dakar (Sénégal), cette mesure serait un début à la lutte contre les troubles dermatologiques, a savoir la sévérité des acnés, les dyschromies, dont sont victimes les femmes africaines qui s’éclaircissent la peau.

Ces femmes utilisent, pour ce faire, des crèmes et des laits corporels aux noms évocateurs de Peau claire, Cleartone, ou se font des injections de Kenakort. Ces produits sont composés d’hydroquinone (antiseptique), de corticoïdes (anti-inflammatoires) et de sels de mercure. Ces substances médicamenteuses ne sont pourtant pas destinées à une utilisation quotidienne. Leurs effets vont de l’élimination progressive de la mélanine à l’affaiblissement du système immunitaire.

Les plaies de la coquette

Ces femmes souffrent, quotidiennement, de cicatrisation difficile, de barbes naissantes rebelles, de dartre. Et voient leur peau décliner en plusieurs teintes au gré des agressions solaires. La peau, devenue trop fragile, se couvre de taches noires.

Selon le Dr Dieng,  » 50% des consultations dermatologiques féminines  » sont liées au  » Xeesal « , terme sénégalais pour traduire la dépigmentation. Il estime dès lors qu’interdire l’importation de ces produits, en provenance de Grande Bretagne, des Etats Unis, du Nigeria et du Pakistan, pour les plus nocifs, estomperait le phénomène. Notons qu’une mesure de ce type a été prise en 1995 en Gambie. L’Afrique du Sud, en 1992, interdisait l’usage de ces produits. Les résultats restent cependant mitigés car des filières parallèles d’approvisionnement se développent.

Cette mode qui date plus ou moins des années soixante-dix, initialement citadine s’est répandue dans les campagnes. Ce qui soulève un autre problème. En effet l’utilisation de ces produits suppose un budget mensuel moyen de 400FF. Ce qui n’est pas à la portée de toutes. Les plus démunies jouent donc aux apprenties sorcières en élaborant des mixtures à base d’eau de javel, de liquide vaisselle, de savons acides pour le moins  » décapantes « .

La raison principale de cette dépigmentation vient de l’idée que les hommes sembleraient préférer les peaux claires. Dans des contextes où la situation économique des femmes est précaire, attirer un homme qui prendra soin de vous devient indispensable.

Pourtant, les deux sexes sont parfois égaux devant cette mode : en République démocratique du Congo (RDC) ou au Congo, le Tshoko (Ndlr : le fait d’avoir une peau claire en lingala), concerne aussi la gent masculine.

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