Sefyu et Trace TV filment la diversité pour combattre les préjugés


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Seyfu
Seyfu

Des interviews sur la diversité que Sefyu a réalisées avec des personnalités sont la colonne vertébrale de la première Semaine de la diversité qu’organise Trace TV jusqu’au 8 juillet. Le rappeur français d’origine sénégalaise nous explique ce qu’il attend de cette initiative.

Place à la mixité dans tous ses états. Trace TV et le rappeur Sefyu se sont associés pour organiser la première « Semaine de la diversité », qui s’achèvera dimanche. Au menu, des reportages sur la mixité en milieu urbain et, surtout, « La minute en noir et blanc ». Ce programme est né à l’initiative du Français d’origine sénégalaise Sefyu. Suite au succès de son single « En noir et blanc », tiré de l’album Qui suis-je, l’artiste de 26 ans a décidé de pousser plus loin son appel à la compréhension de l’autre. Il a donc donné une minute à une trentaine de personnalités Luc Besson, Manu Chao, Vincent Cassel, Diam’s, Omar & Fred, Sinik, Abd Al Malik, Sarah Forestier, Kery James, Mokobé (113), Gustave Kelman, Faf Larage, Fred, La bande à Fifi, Anne-Elizabeth Lemoine, Mustapha, Neg’ Marrons, Alibi Montana, Kourtrajmé, Sami Traoré, Manu Key, Moktar Larbi, Yacine, Sonia Gicquel, Patson, Thomas Ngijol, Frederic Chau pour qu’elles s’expriment sur la diversité. Ces minutes passent en exclusivité deux fois toutes les heures sur Trace TV jusqu’à la fin de la Semaine. Pour que le mouvement se poursuive, Sefyu a créé En noir et blanc.fr, un site destiné à recueillir les témoignages sur la diversité. Chaleureux et souriant, le citoyen d’Aulnay-sous-Bois (banlieue parisienne) nous explique ce qu’il attend de l’événement de Trace TV.

Afrik.com : Pourquoi aviez-vous écrit « En noir et blanc » ?

Sefyu : En 1985, quand je suis arrivé dans le quartier Emmaüs (à Aulnay-sous-Bois, ndlr), j’ai été frappé par le fait qu’il y avait les Blancs d’un côté et les Noirs de l’autre. Maintenant, ça a bien changé, mais ça m’avait donné l’envie de parler de ce problème, qui existe encore : des Maghrébins oublient qu’ils sont africains parce qu’ils ne sont pas noirs. J’avais envie de dire que, même si on n’a pas la même couleur, on est tous africains.

Afrik.com : Que voulez-vous montrer avec « La minute en noir et blanc » ?

Sefyu : Je voulais montrer que le racisme touchait vraiment tout le monde. Que l’on habite dans un quartier ou dans le 16e arrondissement de Paris, quelque soit notre couleur de peau… Tout le monde peut être raciste ! Si j’ai interviewé Vincent Cassel, Luc Besson, Patson et Mokobé, en passant par différents artistes de différents domaines, c’était pour montrer que le racisme est universel et qu’il n’a pas de frontières.

Afrik.com : Vous pensez que cela n’est pas clair dans la tête des gens ?

Sefyu : Je dirai plutôt que c’est quelque chose que les gens ont tendance à ne pas dire, car c’est un peu tabou. Mais il ne faut pas s’enfermer dans un climat où, si tu dis ça, tu seras catalogué comme ça. Le racisme anti-blanc, anti-noir et l’antisémitisme, ça existe ! Mais il existe aussi des juifs qui sont racistes, des Noirs qui sont racistes et des Blancs qui sont racistes.

Afrik.com : Y a-t-il une « Minute en noir et blanc » qui vous a particulièrement marquée ?

Sefyu : Oui, celle d’Anne-Elizabeth Lemoine. Elle a fait un témoignage où elle explique que quand sa sœur a épousé un Algérien, ses parents étaient frileux. Par exemple, ils ne comprenaient pas pourquoi il achetait de la viande halal. Mais quand sa sœur a eu un enfant, ses parents ont appris à connaître le mari et ils ont vu qu’il prenait super bien soin de son enfant et de sa femme, et leur regard a changé. Et c’est partout pareil : dans le milieu du travail, si un employé vient des quartiers ou de la banlieue, les gens sont sur la défensive et se demandent si la personne n’a pas volé un auto-radio. Mais un fois qu’ils apprennent à connaître cet employé, ils se détendent parce qu’ils réalisent qu’ils se sont trompés.

Afrik.com : Conclusion ?

Sefyu : Il ne faut pas juger les gens sur l’apparence ou rester en surface. Mais, aujourd’hui, tout va tellement vite et les gens ont tellement de problèmes qu’ils ont tendance à s’arrêter aux carapaces. Ils ne prennent pas le temps pour les choses importantes qui peuvent permettre d’avancer, comme accepter et comprendre la différence de l’autre. J’espère que la Semaine de la diversité permettra aux gens de prendre ce temps.

Afrik.com : Pensez-vous que les medias jouent un rôle dans la construction de clichés ?

Sefyu : Bien sûr ! Les medias font un conditionnement. Par exemple dans « Le droit de savoir » (émission de TF1, ndlr), où ils montrent des interventions de police musclées dans les cités. J’ai organisé des débats dans toute la France, dans les collèges, lycées et universités et il est ressorti que la télé est porteuse de clichés. Mais certains humoristes sont également responsables des caricatures. Quand ils font un sketch où ils imitent un Chinois, les élèves vont se moquer des élèves chinois de leur classe parce qu’ils ne font pas la différence entre un sketch et la réalité. Quand Michel Leeb faisait ces trucs de cons sur les Noirs, ça a conditionné les gens.

Afrik.com : Patson imite aussi des accents africains…

Sefyu : Mais ça n’a rien à voir ! Patson dédramatise les choses car il relate les faits du quotidien. Il a un fil conducteur. Michel Leeb fait des grimaces en imitant l’accent et ce qu’il raconte n’a ni queue ni tête.

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