Sauvegarde du patrimoine ancestral des coiffures afrocolombiennes


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Brigitte à gauche coiffe depuis l’âge de 14 ans et à seulement 19 ans, elle est un exemple pour les femmes de son âge

Quieto Pelo est un projet parrainé par la Banque de la République (Banco de la Républica) dans le cadre d’un programme du nom de Obra Viva qui vise la sauvegarde et la recherche sur ce qui constitue l’histoire des coiffures et de les considérer comme un acte de création.

L’appel a été lancé aux coiffeuses pour qu’elles exposent leur créativité, ainsi qu’à ceux qui connaissent l’histoire des coiffures de façon à les encourager et les faire connaitre davantage auprès des gens ordinaires, indique Liliana Angulo, responsable du projet.

Quieto Pelo permet de mettre en évidence la créativité des coiffeuses dans leur exécution des coiffures à thème et très sculpturales.

Liliana Angulo affirme qu’à Buenaventura les coiffures tendent vers la modernité, alors que dans le Choco, elles sont plus traditionalistes.

On sait que les esclaves noirs utilisaient les coiffures comme des cartes leur permettant de s’échapper, et selon les recherches de la sociologue colombienne de l’Université Nationale Lina Vargas, il est démontré que les coiffures des afrodescendants conservent les significations historiques de leurs ancêtres.

Ces coiffures indiquaient les routes vers la liberté. Le livre qui raconte la poétique de la coiffure Afrocolombienne a été publié par l’Institut pour la Culture et du Tourisme du District de Bogota.

L’histoire raconte qu’aux temps de la colonie, lorsque les Espagnols firent venir des esclaves noirs pour travailler dans les plantations, les mines et les haciendas des maîtres, chaque fois que les femmes sortaient travailler, elles observaient avec beaucoup d’attention l’environnement, les paysages, les montagnes, les forêts et les rivières. Puis, après une longue journée de travail, elles se rassemblaient sur les cours ; et sur leurs têtes, elles dessinaient des cartes pleines de petits chemins et des voies permettant de s’échapper, en y plaçant les montagnes, les rivières et les plus grands arbres. Ces coiffures constituaient de véritables codes des routes qui permettaient aux esclaves de s’échapper.

Selon les recherches, il y avait différentes façons de marquer sur la carte de la tête les principaux points géographiques, par exemple :

Si le sol était très marécageux, les tropas, c’est-à-dire des petites tresses collées sur le cuir chevelu, étaient tissées comme des ornières ou des sillons.

En utilisant des petits chignons, des nœuds et des tresses, les femmes marquaient les éléments du paysage : un arbre, un chemin, une plantation.

Les cartes partaient du front et cheminaient jusqu’à la nuque.

Les tresses servaient également à établir des lieux de rencontre.

En plus de montrer les routes permettant de s’échapper, peu après l’abolition de l’esclavage, les communautés noires ont continué à raconter les histoires de leur passé, à travers des coiffures. Par exemple, si un esclave travaillant à la mine et qu’il devait se placer dans un trou profond ou dans une cavité pleine d’argile, en faisant le chignon sur la tête, la femme incrustait le bout dans le même chignon. Si elle devait simplement travailler avec un plateau, elle le laisse seul.

Aujourd’hui, les communautés noires de Quibdo, Condoto, Tumaco et Buenaventura perpétuent la tradition des coiffures africaines? Et même si leurs formes ne sont plus symboles de résistance, les designs restent les mêmes qu’il y a 500 ans, lorsqu’ils étaient élaborés dans le contexte de l’esclavage.

Traduit de l’espagnol par Guy Everard Mbarga

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