Rwanda : Human Rights Watch exige la fermeture du centre de « transit » de Gikondo


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centre de “transit” de Gikondo Rwanda

Human Rights Watch, qui se dit convaincu que le centre de “transit” de Gikondo au Rwanda a adopté comme règle la violation des droits des détenus, milite pour que cette “prison” qui ne dit pas son nom soit purement et simplement fermée.

C’est dans un document de 48 pages publié ce lundi 27 janvier 2020 que Human Rights Watch fait ses observations sur le centre de “transit” de Gikondo, officiellement appelé centre de transit de Kigali. Il s’agit d’un centre de détention fonctionnel depuis plus de 10 ans et où sont « arbitrairement » enfermés des enfants des rues, des vendeurs ambulants, des travailleurs du sexe, des personnes sans abri et des mendiants.

Officiellement, les centres de ce genre, encadrés par la loi de 2017 instaurant le Service national de réhabilitation et plusieurs arrêtés du gouvernement, ont pour mission d’ « éradiquer la délinquance » en réintégrant les personnes accusées de présenter des « comportements déviants ». La loi prévoit que les détenus soient transférés dans des centres de réhabilitation après une détention pour une période maximale de deux mois.

Intitulé Tant que nous vivrons dans la rue, ils nous frapperont. Détention abusive d’enfants au Rwanda, le rapport se base sur des entretiens réalisés entre janvier et octobre 2019, avec 30 anciens détenus mineurs âgés de 11 à 17 ans. L’un d’eux, 15 ans, confiait à Human Rights Watch : « A Gikondo, ils nous frappaient avec des bâtons à la tête et sur l’arrière des pieds. Ils nous disaient que tant que nous vivrons dans la rue, ils nous frapperont ».

Selon Human Rights Watch, ceci n’est qu’un aspect des nombreux abus subis par les détenus, puisque sur toute la procédure, depuis l’arrestation jusqu’aux conditions de détention, aucun droit des détenus n’est respecté. La détention est généralement non justifiée, les conditions de détention sont inhumaines, caractérisées par la sous-alimentation, des salles surpeuplées et peu hygiéniques.

« Les enfants ont estimé qu’il y avait entre 50 et 200 filles et garçons détenus ensemble avec eux dans la « salle des enfants », dans des conditions déplorables et dégradantes. Les enfants devaient partager, parfois avec quatre autres, des matelas et des couvertures, souvent infestés de poux. Beaucoup d’enfants interrogés présentaient des cicatrices et des signes de possibles infections et éruptions cutanées. Les conditions dans la salle des « délinquants » et des femmes ont été décrites comme étant bien pires. Dans ces deux salles fortement surpeuplées, les enfants étaient enfermés avec les adultes et de nombreux détenus étaient forcés de dormir à même le sol en béton », lit-on dans le rapport.

Selon ce rapport, ce traitement réservés aux enfants à Gikondo est en violation flagrante de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant et de la Convention relative aux droits de l’enfant. C’est pourquoi Human Rights Watch appelle, en ce jour où le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies basé à Genève débute son examen du Rwanda, à la fermeture pure et simple du centre de Gikondo et à la libération des détenus.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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