Refonder Madagascar, le défi lancé par les Eglises chrétiennes


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Le dialogue malgacho-malgache, initié par le Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM) le président de la transition et les anciens chefs d’Etat, à refonder l’Etat et à mettre en place une nouvelle Constitution. Les enjeux sont loin d’être gagnés. Analyse.

A Madagascar, les Eglises appellent à refonder l’Etat. C’est le principal défi qui résulte du dialogue malgacho-malgache initié par le Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM). Cet appel implique l’élaboration d’une nouvelle transition démocratique et l’abandon de la feuille de route élaborée par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). De tels enjeux engendreraient donc l’écriture d’une nouvelle Constitution, la mise en place d’une transition « neutre et courte » et la dissolution de toutes les institutions de la transition actuelle.

Mais les défis ambitieux, mais annonceurs d’une sortie de crise, lancés par le FFKM ne semblent pas avoir trouvé échos auprès des principaux responsables politiques du pays. Lors de la session de clôture dimanche 5 mai du dialogue malgacho-malgache ouvert le 18 avril, les Eglises malgaches, qui se positionnent comme médiatrices dans cette crise politique qui perdure, devaient réunir le président de la transition et les ex-présidents du pays, seuls deux d’entre eux y ont participé : Albert Zafy et Didier Ratsiraka. Le chef d’Etat de la transition et les anciens présidents ne semblent toujours pas parvenus à s’entendre. Après l’échec d’une première tentative de réunir le président et les trois derniers chefs de l’Etat malgache, les responsables des Eglises chrétiennes font face à un second bide.

Le FFKM demande aux quatre hommes de faire preuve de sagesse, de se réunir, se parler et surtout « se pardonner ». Le processus ne s’annonce pas aisé. Ces chefs d’Etat ont des positions divergentes. Et même si Albert Zafy et Didier Ratsiraka sont favorables à une nouvelle transition, les deux seuls responsables politiques à s’être rendus à la réunion de clôture dimanche dernier, il n’en demeure pas moins que la conception qu’ils se font de cette nouvelle transition n’est pas la même.

Des candidatures qui fâchent

Le candidat en exil, Marc Ravalomanana joue deux cartes importantes : sa femme et un report des élections. En cas d’échec au premier tour de l’élection présidentielle de l’un des deux candidats, les voix du perdant iraient en faveur de l’autre. Quant au report des élections, il pourrait être synonyme de retour sur la Grande île. Un scénario pour lequel œuvre le FFKM, mais qui inquiète l’armée à l’origine de l’exil en 2009 de Marc Ravalomanana. Le couple est pourtant bien parti pour se repositionner sur l’échiquier politique à la veille des élections. Une décision prise, d’après Courrier international, à l’arrivé à Madagascar de Joaquim Chissano, ancien président mozambicain et médiateur de la crise.

Le cas Andry Rajoelina, candidat surprise à la présidentielle, est opposé à une quelconque nouvelle transition. Ce qui a amené son camp à se diviser. Sa course à la magistrature suprême pourrait être compromise à moins que le temps aide son parti à se rassembler.

La communauté internationale s’oppose bien évidemment à ces candidatures, à l’image de la France qui s’est dite, lundi 6 mai, déçue de « la décision de la Cour électorale spéciale de déclarer recevable la candidature de Mme Lalao Ravalomanana, M. Didier Ratsiraka et M. Andry Rajoelina à l’élection présidentielle de Madagascar ». Et pour cause, cette décision « rompt l’engagement solennel pris le 15 janvier 2013 de ne pas se porter candidat ». Mais dans l’hypothèse où le président de la transition et les anciens chefs d’Etat finissent par répondre favorablement aux recommandations du FFKM, la communauté internationale pourrait difficilement s’opposer à une quelconque candidature.

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