RDC : l’étrange suicide d’Armand Tungulu


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Suite à la mort d’Armand Tungulu samedi à Kinshasa (RDC), la thèse officielle du suicide est de plus en plus remise en cause. Ce Congolais avait été arrêté la semaine dernière pour avoir lancé des pierres sur le convoi du président Joseph Kabila. Après le tollé déclenché par les ONG et les associations de défense des droits de l’homme, la veuve du défunt monte au créneau.

L’Agence nationale de renseignement (ANR) a libéré, lundi, Mmes Madeleine Mangabu et Nicole Mwaka, deux activistes des droits de l’homme arrêtées mercredi 29 octobre parce qu’elles se trouvaient près du lieu où Armand Tungulu avait jeté des pierres sur le cortège du Président congolais Joseph Kabila. Si cette libération est un soulagement pour les associations des droits de l’homme, celles-ci demandent au gouvernement de faire toute la lumière sur le décès de M.Tungulu

Au lendemain de l’annonce sa mort, et alors que le parquet a ouvert une enquête, la thèse officielle, selon laquelle M.Tungulu se serait pendu dans sa cellule à l’aide d’un fil qui aurait été attaché à son oreiller, laisse perplexe plus d’un Congolais. Pour Jacob Baluishi de l’Observatoire congolais des droits de l’homme, qui s’est confié à l’Agence France Presse, il est difficile de comprendre « comment quelqu’un aurait pu se suicider avec un oreiller quand nous savons tous qu’il n’y a pas d’oreiller dans les prisons de RDC ».

L’ONG la Voix des sans Voix, dont l’ancien président Floribert Chebeya a été assassiné en juin dernier, a vivement réagi à la mort d’Armand Tungulu. L’organisation congolaise, pour qui il n’y a aucun doute sur les circonstances de son décès, dénonce ce qu’elle considère comme une « exécution sommaire et extrajudiciaire ». Rejetant aussi la thèse du suicide, la veuve du défunt, Mme Philo Tungulu, réclame une autopsie à l’étranger pour que toute la lumière soit faite. « Jamais je ne l‘ai entendu menacer de mettre fin à ses jours ou de se faire mal », a-t-elle affirmé sur Radio Okapi.

Un énième nom sur la liste des opposants assassinés?

Engagé, révolté par les crimes pratiqués dans l’est du pays et la mort de Floribert Chebeya, Armand Tungulu, Congolais demeurant en Belgique, se retrouvait souvent en première ligne des manifestations organisées par la diaspora congolaise. Ainsi, il s’était, lors de l’une d’entre elles, couché sur la voie publique drapé d’un tissu aux couleurs de son pays en signe de contestation. Il avait fondé une petite association, « Un euro pour sauver le Congo », mais ne semblait pas représenter un danger réel pour le régime de Kinshasa.

S’il est difficile de comprendre un tel acharnement envers une provocation du même ordre que celle des chaussures lancées à Georges W.Bush, ce n’est pas la première fois que les méthodes des services de sécurité du régime de Kinshasa sont critiquées
En juin dernier, Floribert Chebeya, célèbre défenseur congolais des droits de l’homme, était retrouvé mort dans sa voiture dans la banlieue de Kinshasa. Il enquêtait sur plusieurs dossiers sensibles et avait été à plusieurs reprises arrêté et harcelé par les autorités par le passé. Il fait partie avec Bapwa Mwamba, Serge Maheshe, Didace Namujimbo, Franck Ngyke, entre autres, de la longue liste d’opposants, journalistes et défenseurs des droits de l’homme assassinés ces dix dernières années.

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