RDC: la chasse aux rebelles hutus s’enlise-t-elle ?


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Un mois après le lancement de l’opération conjointe menée par les forces gouvernementales congolaises et l’armée rwandaise contre les rebelles Hutus dans le Nord Kivu, les résultats restent mitigés. Les populations meurtries par plusieurs années de guerre sont toujours victimes d’exactions. Selon certains observateurs, les Etats-Unis mèneraient des actions pour ramener la paix dans la région des Grand Lacs.

L’inquiétude monte au sein de la population congolaise. L’opération militaire conjointe lancée en janvier par leur gouvernement et le Rwanda contre les rebelles hutus rwandais, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), semble loin d’être terminée. Cette coalition visant à désarmer et rapatrier les quelque 6 500 combattants des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) réfugiés dans l’est de la RDC, devait pourtant être brève.

Le chef d’état-major de l’opération, le lieutenant-général John Numbi a déclaré, mercredi, que 95% des objectifs sont atteints et que « les états-majors des FDLR ont été détruits à tous les échelons ». Mais les Congolais ne sont pas convaincus. A l’Assemblée nationale congolaise, certains députés d’opposition réclament une session extraordinaire pour débattre du retrait des troupes étrangères qui opèrent sur le territoire congolais. Les évêques du pays, très influents, auraient, eux aussi, demandé au Parlement de « suivre les opérations militaires ». « Le peuple, lassé par la guerre et inquiet de la présence d’armées étrangères, ne souhaite pas une nouvelle prorogation de la durée de leur présence », ont-t-ils déclaré.

Le FDLR résiste

L’inquiétude des Congolais est nourrie par les abus que commettent les groupes armés poursuivis par les soldats congolais et rwandais. Ce mercredi, la Monuc, la Mission des Nations unies en RDC, a indiqué dans un communiqué que « les FDLR menacent les populations civiles et les soumettent à des exactions quasi systématiques et graves: pillages, kidnappings, viols, meurtres. Cette tactique lâche est observée particulièrement dans les zones où ces combattants FDLR occupent des bastions importants qu’ils refusent de quitter ».

Selon la Monuc, la stratégie de ces rebelles hutus rwandais n’a qu’un seul but : « maintenir les populations civiles dans un climat de terreur et contrer les efforts en cours qui visent à mettre une fin définitive à leur présence sur le sol congolais ». Ils résistent à la pression militaire exercée par les forces de la coalition FARDC/RDF (les Forces armées de la RDC et du Rwanda).

Le retour des Etats-Unis aux affaires

Kinshasa tente, tant bien que mal, de rassurer les Congolais. Joseph Kabila, le président congolais, a lui-même promis le départ des forces rwandaises pour la fin de ce mois. Il aurait même prévu, pour l’occasion, une cérémonie d’adieu. Mais cette vision congolaise semble ne pas être partagée par le Rwanda. Les députés de Kigali auraient fait part de leur souhait de prolonger la présence rwandaise en RDC.

Selon les observateurs de la crise congolaise, les deux opérations militaires conjointes (RDC-Rwanda d’une part et RDC-Ouganda contre les rebelles de l’Armée de résistance du seigneur (LRA) d’autre part) visant à rétablir la paix dans le Nord Kivu, sont loin d’atteindre leur objectif. Celui de démanteler les groupes armés de l’est de la RDC. Mais, William John Garvelink, l’ambassadeur des Etats-Unis en RDC, reste optimiste et parle de succès. « Les FDLR sont en train de perdre du terrain, ils manquent de nourriture et se déplacent dans d’autres endroits », a-t-il indiqué mardi, lors d’un point de presse. Ses propos viennent ainsi confirmer les soupçons d’un retour aux affaires des Américains dans la région des Grands Lacs.

Les Etats-Unis seraient à l’origine des différentes actions menées depuis fin 2008 en faveur du retour de la paix en RDC, d’après certains experts. M. Garvelink a d’ailleurs déclaré que son pays est très impliqué dans les négociations dirigées par l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo dans le cadre du processus de Nairobi. Celles-ci ont repris ce jeudi à Goma, dans le Nord Kivu. Selon Le Potentiel, c’est Africom, le commandement américain pour l’Afrique, opérationnel depuis octobre 2007, qui aurait mis au point le « plan » ayant permis le rapprochement entre la République démocratique du Congo et ses voisins en vue d’éliminer les différentes zones de tensions.

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