Ravalomanana et Rajoelina tentent de négocier


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Le président malgache Marc Ravalomanana et le maire destitué d’Antananarivo, Andry Rajoelina, se sont engagés dans des pourparlers depuis mercredi pour mettre fin à la crise politique que traverse Madagascar depuis le 26 janvier. Aux émissaires internationaux, ils promettent de faire des concessions tout en organisant des manifestations de soutien populaire.

Les négociations se poursuivent à Madagascar entre le président Marc Ravalomanana et le maire destitué de la capitale Antananarivo, Andry Rajoelina sur fond de démonstration populaire de part et d’autre. Pressés par la communauté internationale, les deux rivaux politiques ont entamé des pourparlers mercredi sous l’égide du puissant Conseil des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM) et avec l’appui des émissaires des Nations unies, de l’Union africaine (UA) et de la Commission de l’océan Indien (COI). Ils ont rencontré chacune des deux parties.

« J’ai dit au président que, vu la situation, il y a certainement des concessions à faire », a confié jeudi à l’AFP le représentant de l’Union africaine (UA), Essy Amara, à la suite d’un entretien avec Marc Ravalomanana. Le diplomate ivoirien s’était déjà rendu à Madagascar pour trouver une issue à la crise post-électorale de 2002.

« Les deux parties campent encore sur leur position respective »

« Nous avons senti une volonté de trouver une issue, même s’il fallait que chacun fasse un peu de concession, a confié pour sa part mercredi Alain Joyandet, secrétaire d’État chargé de la Coopération et de la Francophonie et représentant de la Commission de l’océan Indien (COI), à L’Express de Madagascar. « Pour l’instant, a-t-il poursuivi, cela ne s’illustre pas encore concrètement par telle ou telle proposition. […]. Vous savez, avec l’escalade comme celle qui a eu lieu samedi, il est normal qu’il faille du temps pour que le dialogue puisse être actif.» Selon les sources du quotidien, « les deux parties campent encore sur leur position respective ».

Les Nations unies, facilitateur du dialogue, ont proposé l’ouverture des négociations à l’ensemble des acteurs de la société civile et des partis politiques. « Il faut élargir le dialogue, inclure les autres forces politiques, la société civile et les autres partis du peuple malgache qui sont aussi concernés par son avenir. Ils ont dit être d’accord avec cela et c’est très encourageant », a déclaré Haïlé Menkerios, le secrétaire général adjoint de l’ONU dépêché à Madagascar.

Ouvrir le dialogue à l’ensemble de la société malgache

Selon Alain Joyandet, « les deux hommes se sont engagés à ne prendre aucune initiative qui puisse conduire à la violence et à des morts supplémentaires ». « Il y a un mandat d’arrêt qui a été lancé contre le maire d’Antananarivo, (..) le président a indiqué qu’il était prêt à en revoir le fondement (..) de son côté le maire a pris l’engagement de ne pas marcher sur les ministères avec la foule au risque de faire à nouveau des émeutes et des morts ».

Les membres du parti présidentiel Tiako i Madagasikara (TIM) se sont néanmoins livrés mercredi après-midi à une démonstration massive de soutien populaire au stade de Mahamasina, à Antananarivo, en scandant « Tsy Mila TGV » (Pas besoin de TGV (le surnom d’Andry Rajoelina ). Andry Rajoelina, qui s’est autoproclamé samedi dernier « président de la Haute autorité de la transition », et son « Premier ministre de transition », Monja Roindefo, ont quant à eux poursuivi l’annonce jeudi des membres du « futur gouvernement de transition » devant 5 000 personnes rassemblés sur la Place du 13 Mai . Le même nombre de partisans a pris part de nouveau à un autre rassemblement ce vendredi. Le maire a toutefois évité cette fois-ci d’évoquer de nouvelles entrées dans son « gouvernement ». « Tout ce que nous cherchons en ce moment, c’est la voie de la légalité. Pour l’instant, nous avons la légitimité », a déclaré Andry Rajoelina. « Quand on n’a plus le peuple (à ses côtés), a-t-il ajouté, on quitte le pouvoir».

Le bras de fer entre le maire et le président Ravalomanana a fait une centaine de morts depuis le 26 janvier, début de la fronde orchestrée par le premier. Les deux hommes s’étaient déjà rencontrés le 6 février dernier. Le lendemain, la garde présidentielle réprimait dans le sang les Malgaches réunis, comme souvent Place du 13 Mai, à l’appel d’Andry Rajoelina. Au moins 28 personnes ont trouvé la mort.

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