Ras Dumisani, apôtre de la résistance


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L'affiche du concert

Défendre le reggae et ses valeurs de partage et d’amour en produisant un son fidèle à celui des maîtres du genre, c’est la mission que s’est assignée Ras Dumisani. Le chanteur de reggae sud-africain présente son nouvel album, Resistance, vendredi, à Paris, au New Morning, en compagnie de son groupe, Afrikhaya. A la veille de cet événement, il nous a accordé une interview vidéo.

« Dans la vie, en tant que peuples, en tant qu’hommes, nous devons résister tous les jours aux tentations », explique Ras Dumisani. A l’image de sa musique, optimiste et énergique, le chanteur sud-africain ne se laisse pas abattre. Il a intitulé son dernier album Resistance, en souvenir des combats qu’il a dû mener et de la persévérance dont il lui a fallu faire preuve pour devenir footballeur puis musicien professionnel.

Descendant d’une famille royale, Alexius Dumisani naît et grandit à Durban, dans la province du Kwazulu natal. Passionné par le ballon rond, il réalise son premier rêve, en dépit des voix, nombreuses, qui s’élèvent pour le dissuader d’embrasser la carrière de footballeur. Après avoir écumé le championnat national, il développe ses aptitudes de chanteur et de percussionniste en intégrant des groupes de jazz sud-africains.

«Le reggae est toujours resté dans le cœur des gens»

Mais le reggae est la musique qui le fait vibrer au plus profond. Il admire Peter Tosh et Bob Marley, l’esprit de rébellion animant leurs chansons et qui, espère-t-il, pourrait faire chavirer l’Apartheid. Il crée sa propre formation, Afrikhaya Band, et les opportunités étant limitées à Durban, il rejoint Johannesburg, la capitale. Mais les producteurs locaux refusent de le faire connaître, sans doute gênés par l’engagement de ses textes. Nul n’étant prophète en son pays, il quitte l’Afrique du sud à la fin des années 80 et débute un long périple qui l’emmène en Grande-Bretagne, en Hollande, en Allemagne, au Portugal et en France. Et c’est à Paris, en 1992, qu’il trouve une maison de disque qui publie son premier album, Zululand Reggae.

Sur son nouvel album, Resistance, comme sur les précédents, il est question d’amour dans de nombreux titres, une valeur cardinale du mouvement rastafarien. « J’enseigne l’amour, parce qu’il fait tourner le monde comme il doit. Il vous fait vous préoccuper du sort de votre prochain », déclare Ras Dumisani. Un amour qui, selon lui, n’existe pas dans le rap ultra-violent qui a supplanté le reggae auprès des jeunes depuis quelques années. Ras Dumisani donne une explication historique à ce phénomène: « Avant, lorsque l’Apartheid sévissait, le reggae occupait une place très importante en Afrique du sud. Mais quand le pays s’est libérée, les gens ont oublié le reggae. » Cependant, à en croire le chanteur, cette musique semble avoir encore de beaux jours devant elle dans la Nation arc en ciel et le reste du monde, car elle « vit dans le cœur des gens, dans leurs têtes, dans leurs esprits ».

Ras Dumisani et Afrikhaya Band sont en concert le vendredi 17 avril, au New Morning, à 20h. 7-9, rue des Petites écuries. 75010 Paris.

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Journaliste, écrivain, dramaturge scénariste et réalisateur guadeloupéen. Franck SALIN fut plusieurs années le rédacteur en chef d'Afrik.com
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