Rachida Dati, la Dame de fer de la place Vendôme


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La ministre française de la Justice fait encore une fois parler d’elle. En convoquant le vice-procureur de Nancy, Rachida Dati a soulevé un tollé dans la magistrature. Elle continue de naviguer en dehors des lignes. La rudesse de ses méthodes provoque même la fuite des membres de son cabinet, le dernier en date : Michel Marquer.

Décidemment, Rachida Dati ne semble pas supporter la contradiction. La ministre de la Justice a convoqué jeudi, place Vendôme, Philippe Nativel, vice procureur de Nancy. Sa faute : avoir critiqué, lors d’un procès, la nouvelle loi instaurant des peines minimales contre les délinquants récidivistes. « Ce magistrat aurait tenu des propos, fait des commentaires, sur une loi qui a été adoptée par le Parlement. Un parquetier, un procureur est sous l’autorité du Garde des sceaux, il est là pour appliquer la politique pénale et ne pas faire de commentaires sur une loi qui a été adoptée par le Parlement », a-t-elle déclaré à la presse.

Assisté par deux délégués syndicaux, Philippe Nativel a dû se rendre, mercredi, auprès du directeur des services judiciaires où il s’est fait taper sur les doigts. Plutôt radical comme méthode… Cette convocation a suscité un tollé chez les magistrats. Ils estiment que même si les propos ont bien été tenus, les juger irréguliers constitue une atteinte au principe de séparation des pouvoirs et à la règle de la liberté de parole des magistrats du parquet à l’audience. Tentative d’intimidation de la part de Rachida Dati, ou besoin de réaffirmer son autorité ? Quoiqu’il en soit, un procès-verbal de l’audition a été remis à la patronne qui, par son porte-parole, a fait savoir que, finalement, le vice procureur de Nancy ne serait pas poursuivi.

Rachida Dati maltraite-t-elle ses collaborateurs?

Quelques jours plus tôt, Rachida Dati et ses méthodes faisaient encore parler d’elles : la semaine dernière, Michel Marquer, chef de cabinet de la ministre de la Justice, quittait ses fonctions . « Ca s’inscrit dans le cadre de la réorganisation générale du cabinet. Il n’est pas parti sur un désaccord mais parce qu’il souhaitait rejoindre un poste au ministère de l’Intérieur », déclarait mercredi le porte-parole du ministère, Guillaume Didier.

La platitude du communiqué officiel ferait presque oublier que la démission de Michel Marquer porte à cinq, en deux mois, les départs au sein du cabinet de Rachida Dati. Elle survient après celle de Michel Dobkine, directeur de cabinet, et de trois proches collaborateurs de la garde des Sceaux : Philippe Lagauche, conseiller pour les questions pénales, Françoise Andro-Cohen, conseillère pour le droit des mineurs, et Xavier Samuel, en charge des questions constitutionnelles.

La place Vendôme dément l’existence de conflits ou de divergences au sein du staff Dati, parlant de « raisons personnelles » pour Michel Dobkine. Pourtant, des sources dans la magistrature font état de vives tensions au sein du cabinet de la ministre. La patronne de la place Vendôme leur donnerait du fil à retordre.

L’autoritarisme de Rachida Dati : Fantasme ou réalité ?

Le journal L’Est Républicain, souvent bien informé sur les questions judiciaires, notamment dans les articles de notre confrère Laid Sammari, met en cause la personnalité de Rachida Dati, parlant d’incompatibilités d’humeur. Elle se montrerait autoritaire envers ses collaborateurs. Le quotidien rapporte qu’en démissionnant, Michel Dobkine aurait déclaré en avoir « assez de se faire insulter toute la journée « . Des propos que dément le principal intéressé.

Plusieurs sources judiciaires précisent pourtant que l’ambiance ne cesse de se dégrader depuis la prise de fonction de Rachida Dati. Plusieurs directeurs généraux du ministère s’apprêteraient, à leur tour, à quitter la place Vendôme.

La loi instaurant des peines minimales pour les récidivistes a été vivement critiquée dans la magistrature, de même que les projets lancés la semaine dernière, à la demande de l’Elysée, concernant les procès pour les criminels déclarés irresponsables et l’hospitalisation obligatoire des délinquants sexuels à leur sortie de prison. Rachida Dati a du pain sur la planche avec ces réformes plutôt impopulaires. Pour convaincre, elle devra certainement faire preuve d’un peu plus de diplomatie.

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