Qui sont les forces pro-Ouattara ?


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L’offensive est lancée. Les forces armées fidèles à Alassane Ouattara ont entamé lundi une progression générale vers le sud, contre l’armée régulière acquise à Laurent Gbagbo. Qui sont ces troupes et quels sont leurs intérêts ?

Alassane Ouattara avait maintes fois prévenu le clan Gbagbo. Dans une longue déclaration prononcée le 16 mars dernier, le président reconnu par la communauté internationale proposait à son rival de saisir «sa dernière chance» pour une «sortie de crise pacifique et honorable». Cette dernière main tendue pour une «réconciliation nationale» avait aussi valeur d’ultimatum. Et le décompte est terminé.
« Toutes les voies pacifiques pour amener Laurent Gbagbo à reconnaître sa défaite sont épuisées », a indiqué Alassane Ouattara mardi dans un communiqué.

Rebelles devenus soldats

Confirmant les craintes de la communauté internationale, le pays s’enlise petit à petit dans un nouveau scénario de guerre civile. Après l’échec de la négociation internationale, l’inefficacité de l’étranglement financier, l’heure de l’offensive a sonné. Dans la journée de lundi, trois villes ont été conquises par les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) : Duékoué à l’ouest, Daloa au centre et Bondoukou à l’est. L’axe que constitue l’alignement de ces villes correspond à « la ligne de confiance » qui coupait le pays depuis 2002 suite aux affrontements entre les rebelles des Forces Nouvelles (FN) et l’armée régulière. Jusqu’à maintenant, les forces fidèles à Alassane Ouattara contrôlaient le Nord du pays. L’objectif de cette offensive – baptisée « restaurer la paix et la démocratie en Côte d’Ivoire » – est d’élargir cette influence vers le sud jusqu’aux portes de la capitale économique, Abidjan, sous contrôle du clan Gbagbo.

Les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) constituent l’armée officielle du gouvernement d’Alassane Ouattara. Sur le papier, cette armée est née de l’unification des Forces Armées Nationales – l’armée régulière – et des Forces Armées des Forces nouvelles – les ex-rebelles du nord – le 17 mars dernier. En réalité, l’armée régulière est restée fidèle à Laurent Gbagbo. Seuls restent dans la FRCI les ex-rebelles, dont le secrétaire général Guillaume Soro est devenu Premier ministre du gouvernement Ouattara, et quelques éléments de l’armée régulière, en nombre infime.

Commandos Invisibles

Mais les forces pro-Ouattara ne se limitent pas aux FRCI. Le président, reconnu par la commission électorale ivoirienne, disposerait également de soutiens à Abidjan par le biais des « Commandos invisibles ». Personne ne connaît ni leur effectif, ni leurs volontés. Le seul chef d’état-major connu de ce groupe armé serait le colonel Bauer, en référence à la série télévisée américaine 24 heures chrono. Dans une interview accordée au Figaro, il affirme avoir « pris le contrôle du quartier populaire d’Abobo », où se sont déroulés plusieurs affrontements ces dernières semaines. Dans le même entretien, le colonel Bauer déclare également que les « Commandos Invisibles combattraient sous les seuls ordres du général Ibrahim Coulibaly, dit IB ». Celui qui fut présenté comme l’un des instigateurs du coup d’État lancé en 2002 contre Laurent Gbagbo chercherait ainsi à profiter de la crise ivoirienne pour se réimplanter dans le paysage politique, au risque d’ajouter de la tension, selon une source diplomatique citée par le journal français. Les « Commandos invisibles » seraient donc anti-Gbagbo plutôt que pro-Ouattara mais le président élu pourrait s’appuyer sur eux lors de son offensive sur la capitale ivoirienne.

L’opération « Restaurer la paix et la démocratie » apparaît comme le dernier recours du clan Ouattara pour imposer sa légitimité et asseoir son président dans la capitale. Désormais à 220 km d’Abidjan, tout semble indiquer que les forces fidèles à Alassane Ouattara sont décidées à mener cette action jusqu’au bout. Plus d’un million de personnes ont déjà quitté Abidjan pour fuir les affrontements. Le bilan humain depuis le premier tour des élections présidentielles, en novembre 2010, serait d’au moins 460 morts.

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