Que peuvent attendre les Camerounais de Paul Biya en 2009 ?


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Au Cameroun, l’année 2008 a été marquée par de grands événements qui ont fait la fierté des Camerounais et des faits qu’ils veulent très vite effacer de leur mémoire. Emeutes de la faim, révision de la constitution, Bakassi… Le bilan est mitigé. Cependant, lors de son discours de fin d’année, Paul Biya a déclaré aux Camerounais: « Aide-toi, et le ciel t’aidera »… Tout un programme.

Notre correspondante au Cameroun

L’année qui vient de s’écouler a connu des faits marquants et inoubliables pour les Camerounais. Une constitution modifiée par l’Assemblée nationale et promulguée par le président de la République le 14 avril 2008. Le fameux article 6 alinéa 2 de cette constitution modifiée stipule désormais que « Le président de la République est élu pour un mandat de sept ans. Il est rééligible». L’article ainsi réécrit met fin à la limitation de mandat. L’alinéa 4 du même article, quant à lui, aménage désormais le délai pour l’organisation du scrutin en cas de vacances de pouvoir du président de 40 à 120 jours ! Belle affaire pour M. Paul Biya qui est toujours parti.
L’immunité à vie est également accordée au président de la République pour ce qui est des actes qu’il pose dans le cadre de ses fonctions. Le Cameroun a donc, depuis avril 2008, une constitution taillée à la mesure de son actuel président.

Les démolitions, dans les villes de Douala et Yaoundé, ont laissé des milliers de Camerounais sans abris. Aujourd’hui encore, nombre de ces lieux sont inexploités par les communautés urbaines. Moralité, on casse d’abord, on voit ensuite…

L’Opération Epervier a laissé les Camerounais sur leur faim. Nombre d’entre eux pensent qu’il s’agit de beaucoup de bruit pour rien. Que sont devenus les millions détournés par les personnes arrêtées ? La solution est-elle l’arrestation des individus ? Quelle est la suite de cette affaire, qu’en est-il des autres ? Voila autant de questions qu’on se pose encore en 2009.

L’opération Epervier n’a pas occulté les émeutes de la faim en février dernier au Cameroun. Ces émeutes n’ont malheureusement pas entraîné la baisse des prix des denrées de première nécessite. Bien au contraire, on a remarqué une hausse vertigineuse des prix de certains produits de grande consommation. La consommation de la viande de bœuf relève encore du luxe. Le prix de cet aliment est passé de 2200 à 2800 Fcfa. Soit une augmentation de 600 Fcfa.

La victoire, sans armes, du Cameroun sur le Nigeria au sujet de la presqu’île de Bakassi a sans doute été l’un des faits les plus marquants à mettre à l’actif de M. Biya. Bien que Bakassi soit considérée par certains observateurs comme une poudrière pour le Cameroun. On peut y ajouter la libération « restée floue » mais sans effusion de sang et « sans rançon ? » des 10 otages des « Bakassi Freedom Fighters ».

Sur le plan sportif, la majestueuse et sublime Françoise Mbango a donné du plaisir à tout le peuple camerounais en remportant la médaille d’or du triple saut dames lors des Jeux olympiques de Chine. Pour que ce plaisir soit total, elle a présenté à ce peuple le précieux joyau à la faveur d’une visite effectuée par l’athlète dans les 10 régions du pays. De son côté, Coton Sport de Garoua a filé cette année un bon coton. Championne du Cameroun, l’équipe de football de la ville de Garoua a raté de justesse le titre de champion d’Afrique devant Al-Ahly du Caire. Cet échec n’ôte rien à la belle performance de Coton Sport qui a redonné une lueur d’espoir au sport camerounais en général.

Le Cameroun en 2009

L’année 2008 a été difficile. Et les déclarations du président de la République à l’orée de l’année 2009 n’ont pas rassuré tous ses concitoyens.
Lors de son discours de fin d’année, Paul Biya a déclaré aux Camerounais : « Aide-toi, et le ciel t’aidera ». Ces propos, qui n’ont pas été du goût de tous, animent encore les débats dans les chaumières. Ils traduisent à suffisance ce que les Camerounais doivent attendre de cette nouvelle année. On pourrait les traduire par « N’attend rien des autres ou de l’Etat. Ne croise pas les bras, bats-toi ! » Ou encore, comme l’Evangile le stipule : « Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte… » D’une manière générale, les réactions des Camerounais sur ces propos ont été dures. Voici quelques morceaux choisis, entendus ici et là : « On se rend compte que ce type-là est en déphasage avec la population. », «Il ne sait même plus quoi dire aux Camerounais », « Il vit dans quel pays, où il parle d’été, y a-t-il une saison d’été dans ce pays ? » C’est tout ce que peuvent lui faire dire ses rédacteurs »…

Que va faire de plus le gouvernement camerounais, cette année ? Les salaires des fonctionnaires et autres contractuels d’administration ont été revalorisés de 15% en 2008, même si les coûts des produits ont augmenté sur le marché entraînant ainsi un statut quo sur le niveau de vie des Camerounais.

Dans les rues de la capitale camerounaise, on demande des emplois. Un espoir est en vue. La réalisation des grands chantiers miniers et énergétiques, la relance de la filière agricole et l’organisation de quelques concours administratifs constituent quelques réponses aux problèmes de l’emploi. Le taux de chômage est 14% dans l’ensemble du territoire et de 25% dans les grandes agglomérations.

Le gouvernement annonce, pour 2009, la contractualisation de 9000 temporaires de la fonction publique. 3000 personnels de la santé seront également contractualisés dans les prochains mois. La toute nouvelle université de Maroua, dans la région du Grand-nord, accueille dès la mi-janvier 7000 futurs professeurs de lycées et collèges. Et le concours de la police offre 1700 places à des jeunes Camerounais en quête de matricule dans la fonction publique.

Cependant, le climat social reste tendu. Aucune véritable réponse n’a été donnée aux émeutes de la faim, en février 2008. En tout cas, les fruits restent attendus. Les problèmes des infrastructures routières et sanitaires, du logement, de l’accès à l’électricité et à l’eau potable, la réhabilitation des écoles… demeurent importants malgré les efforts du gouvernement. L’autre problème et non des moindres est sans doute celui de l’aménagement de la zone de Bakassi.

En politique, on se demande à quoi servira « Elections Cameroon » (Elecam), l’organisme indépendant de gestion des processus électoraux, dont la plupart des membres du Conseil électoral appartiennent au Rdpc, le parti au pouvoir. Même s’ils disent avoir démissionnés du parti, des doutes demeurent quant à leur impartialité dans la gestion de ces élections.

Sur le plan de la culture, l’on espère enfin un début de solution aux problème de salles de spectacles et de cinéma qui sont inexistantes au Cameroun. Une véritable lutte contre la piraterie qui affame les artistes. La mise en application effective de la Convention collective des journalistes, afin de mettre fin à leur clochardisation, est aussi très attendue…

En conclusion : beaucoup reste à faire en 2009. Le peuple espère et attend.

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