Présidentielle ivoirienne : pas d’accord sur les chiffres


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La Côte d’Ivoire s’est endormie sans connaître l’identité de celui qui a été choisi lors du second tour de l’élection présidentielle de dimanche dernier. La journée de mardi a été émaillée d’incidents qui font croire à certains que la victoire n’est pas dans le camp du Président sortant Laurent Gbagbo, opposé à Alassane Ouattara. Les résultats devraient être dévoilés ce mercredi dernier délai.

Les Ivoiriens ont passé une deuxième nuit sans connaître le nom de leur nouveau Président et sous couvre-feu. Plus de 5,7 millions d’électeurs étaient appelés à le choisir ce dimanche entre le chef de l’Etat sortant, Laurent Gbagbo, candidat de La majorité présidentielle (LMP) et Alassane Ouattara, leader du Rassemblement des républicains (RDR) et candidat du Rassemblement des houphouétistes pour la paix (RHDP). Ils ont attendu en vain la proclamation mardi des résultats du second tour comme promis par la Commission nationale électorale (CEI). La conférence de presse, prévue dans la matinée, a été annulée et la chaîne publique ivoirienne, censée retransmettre les résultats, a été priée de quitter les lieux avant le début programmé de la publication (10h GMT, heure locale), tout comme les journalistes qui sont arrivés quelques heures plus tard.

En fin d’après-midi, la presse est à nouveau invitée à se rendre au siège de la CEI pour la publication des résultats. Mais alors que Bamba Yacouba, le porte-parole de la CEI, s’apprêtait à communiquer les résultats partiels du scrutin, Damana Adia Pickass, représentant le camp présidentiel, lui a arraché les documents des mains. Plusieurs journalistes ont été témoins de la scène. « Ces résultats n’ont pas été consolidés ! », ont avancé, selon l’AFP, les représentants du Président sortant, membres de la commission centrale de la CEI. Des propos qui ont été démentis par le porte-parole de la CEI qui a assuré que les résultats étaient « bel et bien consolidés ». Ce dernier est sorti sous escorte des gendarmes. Selon le chef du service politique du quotidien public Fraternité Matin, la presse s’est rendue compte avec surprise que la CEI ne comptait communiquer que les résultats de « trois régions du Sud – l’Agneby, le Sud et le Moyen Comoé». La commission avait promis lundi que les chiffres de l’intérieur du pays seraient rendus publiques.

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Le RHDP proclame sa victoire, le camp présidentiel conteste

L’incident, dont a été victime Bamba Yacouba, est le point d’orgue d’une journée marquée par l’attente et les déclarations des deux camps. Pour le RHDP, Laurent Gbagbo tenterait de « confisquer » le pouvoir alors que le résultat des urnes serait favorable à leur candidat. Du côté de la présidence sortante, on évoque des irrégularités dans la zone CNO (Centre-Nord-Ouest), zone d’influence des ex-rebelles des Forces nouvelles, et la mort d’un militant LMP à Korhogo. Pascal Affi N’Guessan, le porte-parole du candidat Gbagbo, a indiqué depuis lundi qu’il contesterait le scrutin dans cette partie de la Côte d’Ivoire.

La non-proclamation des résultats, depuis dimanche soir, est un terrain favorable à la propagation des rumeurs qui donnent victorieux chacun des candidats selon leurs partisans. Cependant, pour beaucoup d’Ivoiriens, cette longue attente et l’attitude du camp présidentiel laisseraient penser que la victoire est du côté du RHDP d’Alassane Ouattara. La diaspora l’a déjà élu à près de 60%, selon les premiers résultats communiqués par la CEI et Laurent Gbagbo a maintes fois indiqué qu’il n’envisageait pas une défaite. A l’exception des déclarations de Mabri Toikeuse ce mardi, le porte-parole de la formation politique, le RHDP n’a pas fait d’autre commentaire sur le scrutin.

Mercredi, dernier délai

Par ailleurs, les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) déployées dans la région CNO pour sécuriser le second tour de la présidentielle, quelque 1500 hommes, ont commencé à quitter la région, selon plusieurs témoins. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, par la voie de son président en exercice, le chef de l’Etat nigérian Goodluck Jonathan, a invité les deux prétendants à la magistrature suprême ivoirienne « à maintenir la paix dans cette période très critique » et à « se soumettre à la volonté des Ivoiriens en permettant le décompte des voix d’une façon pacifique et ordonnée ». De leur côté, « les Etats-Unis appellent les dirigeants ivoiriens à agir de manière responsable et pacifiquement », indique un communiqué émanant de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton publié ce mardi. De même, le Parti socialiste français s’est dit préoccupé et exhorte chaque candidat « à la responsabilité et au calme ».

Le prochain rendez-vous fixé par la CEI : mercredi à 11h (GMT, heure locale). Le délai légal pour la proclamation des résultats expirera à la fin de cette journée.

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