Point Afrique ressuscite le W


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Le W est un parc naturel transfrontalier, partagé entre le Niger, le Bénin et le Burkina Faso. Laissé à l’abandon depuis les années 90, il pourrait pourtant faire le bonheur des touristes. Point-Afrique a décidé d’y développer sa philosophie touristique.

La coopérative de voyageurs Point-Afrique a décidé de s’investir dans le W. Ce parc d’un million d’hectares et à l’écosystème unique est situé à la frontière du Niger, du Bénin et du Burkina Faso. Il fait partie du complexe Wapo, réunissant trois autres parcs (Pendjari, Arly et Oti-Mandouri au Togo) et constituant un espace de 5 millions d’hectares protégés. Virginie Albouy, qui travaille au développement de Point Afrique, expose les potentialités du parc W.

Afrik : Pourquoi vous êtes-vous intéressés au parc W ?

Virginie Albouy : Maurice Freund (le directeur de Point Afrique, ndlr) avait été émerveillé par le parc il y a 25 ans. Il y est retourné en 2001 et s’est rendu compte que sa situation était devenue très mauvaise. C’est un espace magnifique, du point de vue des paysages et de la faune, surtout ornithologique. Or, les quelques infrastructures existantes partent à vau l’eau et le site, qui possède de nombreuses potentialités touristiques, est totalement laissé à l’abandon. En 2001-2002, 150 personnes ont visité le parc côté nigérien (la plupart étant des expatriés souhaitant s’évader de Niamey pour quelques jours) et 3 du côté burkinabé !

Afrik : Vous travaillez plus particulièrement du côté nigérien…

Virginie Albouy : Niamey est à 4h30 d’avion de Marseille et le parc est à 2 heures de route de Niamey. C’est l’entrée la plus rapide. Au Burkina, le parc est à 5 heures de voiture de Ouagadougou et au Bénin c’est encore pire. Et puis le Niger est le pays le plus enclavé. Nous voulons créer le flux, le pérenniser et confirmer notre volonté d’assurer une liaison permanente sur la capitale. Nous ouvrons tout de même une liaison sur Cotonou, au Bénin, pour respecter la triangulaire du parc. Le côté nigérien a tout pour se développer : le fleuve Niger notamment, qui permet d’organiser des ballades en pinasse, est un avantage.

Afrik : Vous organisez d’ores et déjà des séjours dans le parc…

Virginie Albouy : Nous allons faire partir une dizaine de personnes autour de Noël pour une randonnée pédestre. Début novembre, une quinzaine de guides et de rangers vont être formés côté nigérien. Nous avons obtenu les autorisations pour faire du trekking, ce qui est normalement interdit dans un parc naturel. Notre partenaire sur le projet est l’Ecopas (programme régional financé par l’Union Européenne, ndlr) qui apporte le financement. Point Afrique garantit les termes de l’échange et une association de femmes du village de Karey Kopto (sur la rive gauche du fleuve Niger) gère le campement des touristes. Comme ça, les bénéfices générés reviennent directement aux autochtones.

Afrik : Quels sont vos autres projets ?

Virginie Albouy : Nous voulons reprendre la gestion de l’hôtel de la Tapoa, en état de dégradation depuis 1994. Ça ne rentre pas vraiment dans l’offre de Point Afrique car c’est un marché de luxe mais nous pourrions y développer des voyages d’entreprise et des séminaires. Nous souhaitons participer au projet du  » point triple  » lancé par l’Ecopas, le long de la rivière Mékrou, au point de rencontre des trois pays. : c’est un espace qui accueille des scientifiques et des étudiants-chercheurs du Nord et du Sud. Nous aimerions mettre en place une base touristique pour proposer des sorties en compagnie de ces chercheurs. C’est un endroit stratégique pour nos circuits car au sud de la rivière se trouvent les chutes de Koudou, totalement paradisiaques, où, en période sèche, on est susceptible de voir le plus d’animaux venant s’abreuver.

Afrik : Comment la population a-t-elle accueilli cette initiative ?

Virginie Albouy : L’idée les a séduit mais ce sont des choses longues à mettre en place. Il faut réussir à impliquer les gens. Ils ont vu que cela pouvait leur rapporter une plus-value et une ouverture sur l’extérieur. Ménager et faire participer la population est notre souci principal. En 1953, lorsque le parc est devenu une réserve naturelle, ceux qui vivaient dans la zone ont dû partir et se cantonner aux frontières. Et les Peuls nomades, qui y faisaient transhumer leurs troupeaux, n’ont plus eu le droit de le faire. Quant aux guides, ils gagnent 45 euros par an et l’on comprend bien qu’ils se fassent les complices du braconnage, qui est malheureusement de grande ampleur dans le parc. Toutes ces conditions font qu’il est difficile de faire prendre conscience de l’importance de sauvegarder ce patrimoine.

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