Plongée chez les Pygmées


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 » Le silence de la forêt  » de Didier-Florent Ouenangaré et Bassek ba Kobhio est l’unique film d’Afrique sub-saharienne projeté au 56ème Festival de Cannes. Malgré une certaine naïveté bon enfant, le spectateur se laisse emporter par quelques moments de grâce.

Dans Le silence de la forêt, Gonaba (alias Eriq Ebouaney), inspecteur des Ecoles à Bangui, quitte tout pour aller s’installer dans la brousse, dans un village de pygmées Babingas. Défenseur des pygmées, victimes du racisme des autres habitants de la ville, il va pourtant vite devoir déchanter : chacune de ses opinions et de ses volontés d’instruction vont être mises à mal par les habitants du village.

Il a beau citer Jean-Jacques Rousseau, donner des cours aux gosses du village pour tenter de leur apprendre à écrire, il a beau s’intégrer en  » épousant  » une jeune pygmée dont il aura un enfant, il restera toujours ce  » noir aux allures de blanc  » venu d’ailleurs.  » Peut-on faire le bonheur des gens malgré eux ? « , telle est la question que pose le film (tiré du roman du même nom d’Etienne Goyemidé). Et la réponse est bien sûr négative.

Le bon sauvage à l’épreuve de la réalité

Pourtant, ce mythe du bon sauvage mis à l’épreuve de la réalité est porté par une grande naïveté tout au long du film, et la succession de lieux communs qui nourrissent cette oeuvre est parfois difficile à avaler. On saura cependant se laisser emporter par quelques moments de grâce, en particulier lorsque les Pygmées ou la nature elle-même s’emparent du film sans crier gare. On oublie alors que l’on assiste à une sorte de catalogue des traditions de ce peuple (mariage, naissance, enterrement, initiation à la chasse) pour se laisser bercer par les visages, les danses et les chants magnifiques qui accompagnent certaines images. Comme si les Pygmées eux-mêmes reprenaient le contrôle de cette fiction, pour nous montrer qu’ils ne se laissent pas si facilement apprivoiser…

Premier film pour l’un des réalisateurs (Didier-Florent Ouénagaré, de Centrafrique), Le silence de la forêt est en revanche le troisième de son co-réalisateur, Bassek ba Kohbio Camerounais, par ailleurs écrivain, producteur, et créateur du Festival Ecran Noir en Afrique Centrale. Son premier long métrage, Sango Malo, était déjà présent dans la section  » Un certain Regard  » à Cannes en 1991.

En salle à Cannes durant la Quinzaine des réalisateurs.

Le silence de la forêt de Didier-Florent Ouenangaré et Bassek ba Kobhio, d’après le roman de Etienne Goyemide, République Centrafricaine et Cameroun (2003). Lundi 19 mai, mercredi 21 mai.

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