Pascal Sevran présente ses excuses


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Pascal Sevran
Pascal Sevran

L’animateur de télévision et écrivain français Pascal Sevran a présenté ses excuses aux Africains pour ses récents propos sur la famine. Il explique notamment n’avoir jamais dit que « la bite des Noirs est responsable de la famine en Afrique » et se dit victime d’une « manipulation ». L’Association de presse panafricaine a fait appel au Rapporteur spécial de l’Onu sur les formes contemporaines de racisme et de discrimination raciale.

Pascal Sevran fait son mea culpa. L’animateur de télévision français a présenté ses excuses aux Africains concernant les propos récemment tenus lors d’une interview à Var Matin sur son dernier livre, Le privilège des jonquilles (Albin Michel), où il parle notamment de la famine au Niger. Celui qui déclarait la semaine dernière sur la radio Europe 1 qu’il n’avait « pas de comptes à rendre » a donc mis de l’eau dans son vin. Samedi, Pascal Sevran, avait indiqué sur les ondes de RTL : « Rien dans ma vie et ma façon de penser ne prête au racisme ». Il a précisé à RFO : « J’aime l’Afrique du Nord, j’y ai été beaucoup, l’Afrique noire également. C’est vraiment pas sérieux ». Dans Le Parisien et Aujourd’hui en France de dimanche, il a annoncé : « Aux hommes et aux femmes que j’ai pu peiner, je veux dire ma tendresse et leur présenter mes excuses ».

Victime de « manipulation »

Dans l’ouvrage pointé du doigt, paru en janvier dernier, Pascal Sevran écrivait : « Le Niger. Safari-photo insoutenable. Des enfants, on en ramasse à la pelle dans ce pays – est-ce un pays ou un cimetière? – où le taux de fécondité des femmes est le plus élevé du monde, neuf enfants en moyenne par couple. Un carnage. Les coupables sont facilement identifiables, ils signent leurs crimes en copulant à tout va, la mort est au bout de leur bite, ils peuvent continuer parce que ça les amuse, personne n’osera leur reprocher cela, qui est aussi un crime contre l’humanité : faire des enfants, le seul crime impuni. On enverra même de l’argent pour qu’ils puissent continuer à répandre, à semer la mort ».

Pascal Sevran explique qu’il « ne retire pas une ligne du texte », qu’il trouve très beau ». Il ajoute : « Je dis que les adultes sont irresponsables et pas seulement les Africains que j’embrasse, et je serre sur mon coeur les bébés maltraités ». Toutefois, il précise qu’il n’a jamais écrit « la bite des noirs est responsable de la famine en Afrique », comme nous l’indiquions vendredi. Selon lui, cette phrase n’apparaît « nulle part ». En fait, il semble que le journaliste du Var Matin, à l’origine de l’interview qui a remis le livre au cœur de l’actualité, ait utilisé cette expression pour résumer la pensée de son interlocuteur. Ce dernier aurait alors confirmé son point de vue, sans remettre en question la formulation du journaliste. Pascal Sevran s’estime victime d’une « manipulation » et de « propos détournés ».

Concernant son appel à la « stérilisation de la moitié de la planète » dans l’interview au quotidien régional Var Matin, Pascal Sevran, qui rappelle ses origines espagnoles, souligne : « Je retire ce terme (stérilisation, ndlr) qui était mal choisi. A la place, je veux dire que je soutiens le contrôle des naissances. (…) Comme les Chinois l’ont fait, il faudrait instaurer un véritable contrôle des naissances ». Reste à voir si la Chine est un si bon exemple car sa politique a conduit à des infanticides de filles ou des avortements sélectifs.

France Télévisions prend position

Une levée de boucliers d’associations avait suivi la publication de l’article de Var Matin. Plusieurs associations ont demandé l’éviction de Pascal Sevran de la chaîne France 2 ou ont menacé d’une action en justice. Le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres avait qualifié sur les ondes de RTL de « scandaleux, inadmissibles, racistes » les termes décriés. Sur Europe 1, le directeur des antennes France Télévisions avait déclaré que la chaîne refusait de « commenter le commentaire de Pascal Sevran ».

Le groupe a peu à peu changé son fusil d’épaule. Vendredi, dans un communiqué, sa direction se disait « émue et choquée par les propos tenus par l’animateur ». « Ceux-ci sont de nature à provoquer la colère d’hommes et de femmes qui se sentent légitimement atteints dans leur dignité. (…) Les valeurs du groupe audiovisuel public sont aux antipodes du racisme et de la discrimination. On ne saurait transiger avec le respect de ces valeurs », poursuivait le document. Toutefois, France Télévisions commente que « les propos incriminés n’ayant pas été tenus lors d’une émission, mais étant extraits d’un livre publié il y a près d’un an et d’une interview donnée à la presse écrite, [ils] ne relèvent pas juridiquement du régime des sanctions prévues lors d’un passage à l’antenne. Ce sera donc à la justice de se prononcer sur ce point car des plaintes ont été déposées ».

L’Association de presse panafricaine en appelle à l’Onu

Philippe Baudillon, directeur général, a convoqué samedi le présentateur de l’émission dominicale « Chanter la vie » et annoncé, dimanche, qu’il « faudra qu’il présente ses excuses (…), qu’il dise qu’il est très clairement contre tout racisme. (…) La chaîne prendra ses responsabilités si l’ambiguïté n’est pas levée ». France 2 a fait le point ce lundi sur la situation et a adressé une « très ferme mise en garde, qui a valeur de sévère avertissement ».

De son côté, l’Association de presse panafricaine (Appa) annonce dans un communiqué qu’elle a écrit « vendredi au Rapporteur spécial de l’Onu sur les formes contemporaines de racisme et de discrimination raciale, Doudou Diene, afin d’attirer son attention sur les écrits et les propos de l’animateur et écrivain français Pascal Sevran ». Rejettant ses excuses, elle estime que « les écrits et les propos de M. Sevran l’exposent à des sanctions qui vont au-delà des simples tribunaux français ».

Ce mardi, au Centre d’accueil de la presse étrangère de Paris, l’Appa organise par ailleurs une conférence de presse en présence de Dominique Sopo, président de SOS Racisme, et Patrick Lozès, leader du Conseil représentatif des associations noires.

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