Obama révèle ses priorités pour l’Afrique à Accra


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La bonne gouvernance déterminera les relations futures entre les Etats-Unis et les pays africains. C’est le message adressé aux députés ghanéens et à l’Afrique par le président Barack Obama lors de sa première visite officielle en Afrique subsaharienne qui s’est terminée ce samedi.

Barack Obama a établi au Ghana, où il a achevé ce samedi sa première visite officielle en Afrique sub-saharienne, les bases d’un nouveau partenariat entre les Etats-Unis et l’Afrique. Les pays qui auront les faveurs de Washington seront ceux qui auront le profil ghanéen. Le président américain a fait de la bonne gouvernance un prérequis à la coopération. Barack Obama a estimé que cet « ingrédient  qui fait défaut dans beaucoup trop de pays depuis bien trop longtemps » est celui capable de « déverrouiller les potentialités de l’Afrique ». Le Ghana a été érigé en exemple à suivre en la matière. « Vous nous montrez un aspect de l’Afrique qui est trop souvent négligé par un monde qui ne voit que les tragédies (…). Le peuple ghanéen a travaillé dur pour consolider la démocratie », a-t-il déclaré.

Les pays africains pourront compter sur le soutien et l’amitié des Etats-Unis, mais à certaines conditions. Le nouveau partenariat qu’a évoqué Barack Obama, devant les députés ghanéens ce samedi matin, s’appuira sur la responsabilité et le respect mutuels, tout en partant du principe « qu’il revient aux Africains de décider de l’avenir de l’Afrique ».

Primauté à la bonne gouvernance

C’est en connaissance de cause, en homme qui a du « sang africain dans les veines », que le président américain a décliné les grandes lignes de sa stratégie pour l’Afrique. Premier point : les Etats-Unis soutiendront les « démocraties puissantes et durables » et apporteront une aide, qui sera accrue, « aux personnes et aux institutions » qui militent pour la bonne gouvernance.

Deuxième pilier : l’aide américaine se fera plus ciblée, et par conséquent plus performante d’un point de vue économique. « En réduisant les sommes qui vont aux consultants occidentaux et au gouvernement, nous voulons mettre plus de ressources entre les mains de ceux qui en ont besoin ». Pour preuve, Barack Obama a annoncé que son initiative de 3,5 milliards de dollars en faveur de la sécurité alimentaire se focalisera sur la mise en place de nouvelles méthodes et technologies agricoles. « Et non pas sur la simple expédition de biens et services américains vers l’Afrique ».

De même, le président des Etats-Unis a promis une ouverture « significative » du marché américain aux produits et services africains. Barack Obama s’inscrit dans la stratégie développée par le président Bill Clinton en 2000, avec le lancement de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act ), et poursuivie par le président Bush. En outre, les Etats-Unis partageront leur expertise avec les pays africains dans le domaine des énergies renouvelables et les accompagneront dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Troisième priorité de l’administration Obama : la santé publique. Les Etats-Unis y investiront 63 millions de dollars afin de permettre, notamment aux pays africains de bénéficier des progrès de la télémédecine. Plus de fonds seront consacrés à la lutte contre le sida et un accent particulier sera mis sur la santé maternelle et infantile.

Le pouvoir des jeunes

La promotion de la paix consitue le dernier volet de la nouvelle stratégie africaine des Etats Unis. Le président américain a invité les Etats africains à préférer les solutions pacifiques aux conflits. « L’Afrique ne correspond pas à la caricature grossière d’un continent perpétuellement en guerre, a-t-il affirmé. Mais si l’on est honnête, pour beaucoup trop d’Africains, le conflit fait partie de la vie, il est aussi constant que le soleil ».

C’est pourquoi les Etats-Unis apporteront leur appui aux initiatives « visant à contraindre les criminels de guerre à rendre des comptes ». Le président américain a également tenu à faire une mise au point : « notre Commandement pour l’Afrique (Africom) ne vise pas à prendre pied sur le continent, mais à relever ces défis communs afin de renforcer la sécurité des États-Unis, de l’Afrique et du reste du monde ». Pour beaucoup, la mise en place d’Africom est perçue comme un moyen pour les Etats-Unis de s’immiscer dans les affaires africaines.

Le moteur du changement auquel les Etats-Unis souhaitent contribuer en Afrique sera la jeunesse, selon le président Obama. « Ce seront les jeunes, débordant de talent, d’énergie et d’espoir, qui pourront revendiquer l’avenir que tant de personnes des générations précédentes n’ont jamais réalisé ». Il considère que c’est à eux qu’appartient « le pouvoir de responsabiliser (leurs) dirigeants et de bâtir des institutions qui servent le peuple ». « Oui, vous le pouvez », reprenant son slogan de campagne, leur a-t-il assuré.

Au Ghana, Barack a Obama beaucoup parlé d’avenir. Mais, accompagné de sa famille, il s’est aussi recueilli dans un haut lieu de l’esclavage : Cape Coast. Le fort d’où les ancêtres de nombreux Africains-Américains ont été exilés. « En tant qu’afro-américains, nous ressentons dans cet endroit d’un côté une profonde tristesse, et de l’autre le sentiment que le voyage d’une multitude de (futurs) Afro-Américains a commencé ici.», a-t-il remarqué. Ce voyage dans le passé a été le point final d’un séjour ghanéen hautement symbolique pour le continent africain.

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