Nouvelle vague d’émeutes sur l’Algérie


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La jeunesse algérienne ne décolère pas. Alger a connu une deuxième nuit d’émeutes jeudi, qui se sont étendues à d’autres villes. La presse locale fait état de plusieurs arrestations, de blessés et de plusieurs édifices publics saccagés. La protestation a repris dans certains quartiers de la capitale et dans d’autres villes après la prière de vendredi.

Les émeutes contre la cherté de la vie se poursuivent en Algérie. Les manifestations ont repris de plus belle après la prière du vendredi dans plusieurs quartiers de la capitale, comme Bab el Oued et Belcourt. Elle ont aussi gagné les grandes villes, notamment Oran, Tizi-Ouzou et Annaba.

La nuit de jeudi fut très agitée à Alger. A Bab El Oued, l’un des principaux foyers de la contesta, les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants qui ont une nouvelle fois attaqué le commissariat de la place des Trois Horloges, ont constaté des journalistes. A Hussein Dey, à l’est d’alger, les manifestants ont brûlé un bus de la compagnie nationale de transports, selon le quotidien en ligne TSA-Algérie. Le siège de la mairie des Eucalyptus, dans la commune de Baraki à l’est de la capitale, a également été incendié et la route nationale coupée, rapporte la même source. Au quartier d’El Biar, sur les hauteurs d’Alger, une quarantaine de jeunes armés de sabres ont saccagé un restaurant et une bijouterie, emportant un important butin, indique Le Monde. A Aïn Beniane et Bainem, dans l’ouest d’Alger, des manifestants sont sortis dans les rues, brûlant des pneus et dressant des barricades.

Des émeutes ont également éclaté dans plusieurs villes d’Algérie. Les affrontements auraient fait plus de 80 blessés à Boumerdès, wilaya proche d’Alger, et une dizaine dans la ville d’Akbou en Kabylie, selon TSA-Algérie. Plusieurs manifestants ont été arrêtés. La campagne des transports ferroviaires a dû annuler les trains entre Alger et les villes des l’ouest jeudi, tandis que l’autoroute Est-Ouest a été coupée à plusieurs endroits par les manifestants. La Fédération algérienne de Football a de son côté annulé tous les matchs de championnats prévus vendredi et samedi, pour prévenir les débordements.

L’ombre d’octobre 1988

A l’origine de cette vague d’émeutes, la hausse subite entre fin 2010 et début 2011 des produits de large consommation, notamment le sucre et l’huile. Une hausse d’autant plus spectaculaire qu’elle est due au double de la répercussion par les grossistes d’une TVA de 17% imposée récemment par l’Etat et la hausse des prix des matières premières agricoles sur le marché mondial. Face aux troubles sociaux, le ministre du Commerce, Mustapaha Bendada, a promis jeudi qu’une solution sera trouvée « dès les début de la semaine prochaine ». Il a aussi annoncé vendredi la tenue d’un Conseil interministériel samedi pour examiner les moyens de juguler la forte hausse de prix. Pas sûr que cela suffise à calmer les esprits.

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Ce climat quasi-insurrectionnel n’est pas sans rappeler la vague d’émeutes généralisées qui avait secoué le pays en octobre 88. Et c’est aussi peut-être la première fois depuis la grève générale lancée en juin 1991 par le parti islamiste Front islamique du Salut (FIS), dissous, que la capitale algérienne connait un tel climat de tension. Les islamistes ont trouvé dans ces émeutes de la vie chère un terrain propice pour récupérer politiquement la colère des jeunes. D’ailleurs, l’ex-numéro 2 du FIS, Ali Belhadj, n’a pas manqué de se déplacer à Bab El Oued pour afficher son soutien aux manifestants avant d’être arrêté par la police, selon maghrebemergent. Une vidéo posté sur Youtube jeudi montre l’ancien dirigeant du FIS, s’adressant à une foule amassée autour de lui, affirmer : «Nous allons défendre les préoccupations des jeunes si Dieu le permet, et ce quel qu’en soit le coût ». Le correspondant d’Europe 1 en Algérie affirme pour sa part qu’un chef du FIS en exil a revendiqué les émeutes et que les islamistes ont poussé les jeunes à saccager un tribunal en Kabylie.

Le ministère français des Affaires étrangères a appelé les ressortissants français à être prudents et évoqué la possibilité d’« émeutes d’ampleur importante » dans les grandes villes.

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