Nouakchott prépare les Mauritaniens au retour de leurs compatriotes réfugiés


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Les autorités mauritaniennes ont lancé vendredi une campagne de sensibilisation des citoyens mauritaniens au retour de leurs compatriotes Noirs, réfugiés depuis 1989 au Sénégal et au Mali voisins suite à des affrontements ethniques. Des blocages existent au sein de la population dite arabe comme chez certains négro-mauritaniens.

Le Comité interministériel chargé de préparer le retour des réfugiés mauritaniens du Sénégal et du Mali entame ce vendredi une tournée de dix jours dans les quatre régions de la Vallée du fleuve Sénégal. Il a pour but de sensibiliser les populations sur l’opération de retour des réfugiés prévue à partir du mois d’octobre prochain.

Ils sont des dizaines de milliers de Mauritaniens noirs originaires de cettevVallée à avoir été expulsés vers le Sénégal et le Mali, fin avril 1989, suite à des affrontements ethniques qui ont fait plusieurs centaines de victimes de part et d’autre de la frontière sénégalo-mauritanienne.

La majorité pour un retour rapide

En prélude à cette opération de sensibilisation, une longue séance de près de 12 heures (11h-22 h), ponctuée par un large débat, s’est déroulée jeudi à l’Assemblée nationale. A l’issue de celle-ci, un consensus s’est dégagé chez les députés en faveur du retour, « conformément à l’esprit du discours du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi », qui a reconnu, le 29 juin dernier, la responsabilité de l’Etat et la nécessité de la réparation.

Les débats ont dégagé une première tendance, largement majoritaire, qui prône un règlement rapide du cas des réfugiés. Au cours de ce débat, le vice-président du Rassemblemment des forces démocratiques (RFD, principal parti de l’opposition), Kane Hamidou Baba, et le député Jemel Mansour, du parti Réformateur centriste, un mouvement de la mouvance islamiste modérée, ont largement plaidé en faveur du retour « dans l’intérêt du pays » et refusé tout calcul « politicien » sur la question.

Renaissance d’un discours nationaliste arabe

Depuis l’annonce du retour des réfugiés, un discours nationaliste d’obédience arabe, « sectaire », a refait surface dans certains milieux, considérés comme partageant la responsabilité des exactions de 1989 avec le régime de Ahmed Ould Taya renversé en août 2005. Des tracts ont même circulé pour dénoncer un « afflux massif de populations étrangères ». Le quotidien sénégalais Walfajri fait part de témoignages selon lesquels « la menace de l’invasion de la Mauritanie par des hommes qui n’appartiennent pas [au] pays est réelle ».

Dans le milieu négro-mauritanien, il a été également reproché à certains groupes de vouloir poser des conditions « difficiles » à réaliser dans l’immédiat, pour retarder le retour. Walfajri, toujours, cite le cas des Mauritaniens qui vivent dans la Vallée du fleuve Sénégal sur le dos des réfugiés.

Photo : Uma Ramiah/IRIN

Réfugiés mauritaniens à Ndioum, au Sénégal

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