Nigeria : Goodluck Jonathan, le choix de la raison


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Le Nigeria s’est doté d’un nouveau responsable. Le vice-président, Goodluck Jonathan, a présidé aujourd’hui son premier conseil des ministres après avoir accepté la veille d’être chef d’État par intérim. La chambre basse de l’Assemblée nationale a voté mardi une résolution lui permettant de diriger temporairement le pays, en raison de l’absence prolongée du Président Umaru Yar’Adua, hospitalisé en Arabie Saoudite.

Après trois mois de tensions croissantes au sein du pays liées à l’absence prolongée du président Umaru Yar’Adua, il était temps. Le Vice-président nigérian Goodluck Jonathan est devenu officiellement Président par intérim.

A 52 ans, il a formellement accepté mardi de diriger temporairement le pays. « Les circonstances dans lesquelles je me retrouve aujourd’hui, à assurer la fonction de président par intérim de notre pays, ne sont pas habituelles », a-t-il déclaré dans une allocution télévisée. « Je reçois avec une humilité et un honneur profond cet important appel au devoir. Je suis entièrement conscient des responsabilités qui reposent sur moi (…) et que je vais assumer pleinement. »

Mardi, les deux chambres de l’Assemblée nationale ont toutes deux adopté une résolution prévoyant que Goodluck Jonathan assure l’intérim à la présidence, étant donné que le chef de l’État est hospitalisé depuis le 23 novembre 2009 à Jeddah (Arabie Saoudite) pour une affection cardiaque. L’objectif est de mettre fin au vide politique qui handicape le pays.

Transfert des pouvoirs

Jusqu’alors, le gouvernement soutenait que le président Yar’Adua était apte à gouverner en dépit de son absence. Mais, mercredi dernier, le ministre de l’Information et porte-parole du gouvernement, Dora Akunvili, a demandé le transfert des pouvoirs à Jonathan Goodluck.

La décision du parlement a soulevé bien des questions sur sa portée légale. Des voix se sont élevées pour la contester. Selon la Constitution nigériane, le Vice-président ne peut exercer ses fonctions qu’après que le Président a envoyé une lettre à l’Assemblée notifiant son congé médical. Or, Yar’Adua ne l’a pas écrite. Face à l’absence incontestable de la lettre, réclamée depuis des semaines, le Sénat a jugé que l’interview du chef de l’État à la BBC le 12 janvier était une preuve de sa convalescence. « Le président, par cette déclaration diffusée mondialement, a donné au parlement la preuve irréfutable qu’il est en congé médical et a ainsi respecté l’article 145 de la Constitution », a déclaré le président du Sénat David Mark.

Vers une amélioration?

Le vide politique commençait à se faire sentir dans plusieurs secteurs dès le mois de décembre. Les attaques des groupes armés ont repris. Le processus de pacification du sud pétrolifère, en proie à des violences depuis 2006, stagne. Les conflits ethnico religieux dans le centre du pays regorgent de violence. Quel sera le pouvoir de Goodluck Jonathan pour rétablir la stabilité dans le pays le plus peuplé d’Afrique? Le président par intérim a promis mardi que le gouvernement fédéral allait « prendre toutes les mesures pour consolider les bénéfices de l’amnistie dans le delta du Niger et mettre en oeuvre le programme post-amnistie ».

Le pays, majoritairement musulman au nord et chrétien au sud, applique d’ordinaire une règle selon laquelle la présidence revient alternativement à un musulman puis à un chrétien. Yar’Adua, musulman du nord, avait succédé à Olesegun Obarsanjo, chrétien du sud tout comme l’est Goodluck Jonathan. Le vice-président, ancien gouverneur d’un petit État du delta du Niger, manque encore d’alliés puissants. Il ne serait donc pas étonnant que les barons du Parti démocrate populaire (PDP), parti d’Umaru Yar’Adua, le poussent à organiser des élections présidentielles au plus vite.

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