Nigeria : des élections sous le sceau de la violence


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Elections sous haute surveillance. Le gouvernement nigérian a ordonné jeudi la fermeture de toutes les frontières et limité les déplacements dans le pays pour « assurer le déroulement pacifique des élections législatives prévues samedi dans le pays ». Des élections générales sont prévues à compter du 2 jusqu’au 16 avril. Une période électorale sous haute tension, déjà entachée de violences, durant laquelle les prochains parlementaires, le nouveau chef de l’Etat, et les futurs gouverneurs seront élus.

Le gouvernement fédéral de l’Etat du Nigeria a ordonné par communiqué « que toutes les frontières terrestres soient fermées de 12H00 (heure locale) vendredi 1er avril à 6H00 dimanche 3 avril », rapporte The compass . Une mesure qui intervient alors que les élections générales, qui commencent samedi, sont déjà entachées de sang. Jeudi, le président nigérian, Goodluck Jonathan, a affirmé que « le Nigeria ne peut pas se permettre d’être troublé par des actes de violence gratuite et des tendances primitives en cette période cruciale de l’histoire de la nation ». Les électeurs doivent élire samedi leurs parlementaires. Le 9 avril, ils choisiront leur président et le 16, ils désigneront leurs gouverneurs d’Etat. Une quinzaine de jours qui s’annonce tumultueuse, mais dont le pays le plus peuplé d’Afrique devra faire face à compter de demain.

Des attentats contre l’opposition

Samedi, plusieurs partis d’opposition vont affronter le Parti présidentiel, le Parti démocratique populaire (PDP), qui pourrait perdre des sièges lors des législatives et au niveau des Etats, selon l’agence de presse Angop . C’est le cas du Congrès pour le changement progressif (CPC) de Muhammadu Buhari, grand rival du président actuel. Muhammadu Buhari a été la cible d’un attentat manqué jeudi. Durant un meeting politique à Katsina (nord du Nigéria), la police a désamorcé deux bombes qui lui étaient destinées. L’ancien dirigeant militaire et candidat malheureux à la présidentielle de 2003 se présente à nouveau à celle du 9 avril. Le leader du CPC, musulman, bénéficie d’un large soutien au Nord, où beaucoup estiment que la présidence leur revient après que Goodluck Jonathan, chrétien issu du Sud pétrolifère, ait remplacé le défunt Umaru Musa Yar’Adua , originaire du Nord du pays.

Modu Gana Makanike a été moins chanceux. Le leader de l’organisation de la jeunesse du Parti des peuples du Nigeria (ANPP) a été abattu dimanche à la Kalachnikov par des hommes à moto dans la ville de Maiduguri (nord-est du Nigéria). Il rentrait d’un meeting de responsables de son Parti. Les soupçons se portent sur la secte islamiste Boko Haram , active dans le nord du pays. Le chef du Parti des peuples du Nigeria, Ibrahim Shekaray, est lui aussi candidat à la magistrature suprême.

Des évènements qui n’augurent rien de bon alors que les Nigérians doivent assurer le passage de la présidence à un dirigeant démocratiquement élu. Le président par intérim, Goodluck Jonathan, est candidat à sa propre succession et grand favori de ce scrutin. Alors qu’il était vice-président, il a été désigné en février 2010 pour remplacer l’ancien président Umaru Musa Yar’Adua dans ses fonctions. Ce dernier, alors gravement malade, s’était absenté du pays en novembre 2010 pour l’Arabie Saoudite afin de se faire soigner. A son retour, il n’a pas repris ses fonctions qui ont été assurées par Goodluck Jonathan.

Samedi dernier, lors d’un meeting politique le président en exercice avait déclaré : « Ni mon ambition ni celle de tout autre homme politique ne mérite que le sang d’un Nigérian coule ».

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