Niger : Salou Djibo, de l’ombre à la lumière


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La junte arrivée au pouvoir au Niger la semaine dernière a annoncé lundi que son leader, le chef d’escadron Salou Djibo, qui a conduit le putsch contre Mamadou Tandja, devenait président pour une période de transition. Inconnu jusque là de la population, ce militaire, spécialiste de l’artillerie, a commandé plusieurs unités au Niger et a suivi des formations dans plusieurs pays étrangers.

Les trois autres hommes forts du coup d’Etat :

hamidou.jpgDjibrilla Hima Hamidou dit « Pelé », 45 ans, le commandant de la zone de défense numéro 1 de Niamey. Décrit comme « une personne de confiance », « calme » et « fédératrice », M. Hima Hamidou était depuis août 2009 le président de la fédération nigérienne de football (Fenifoot). « Il avait ses entrées à la présidence, ce qui a permis d’amener plus de financement à la fédération », explique, David, consultant à la Fenifoot. « C’était un proche du président Tandja, mais depuis 2007, l’année de la destitution d’Hama Amadou, un ami de « Pelé », les relations entre les deux hommes s’étaient un peu tendues », confie, pour sa part Moussa Naganou.

arton18871.jpgGoukoye Abdoul Karim, colonel, chef du renseignement militaire et porte-parole du CRSD, une fonction qu’il a occupée précédemment au sein de l’armée. En juillet dernier, il avait appelé les troupes à rester dans leur caserne au nom d’une armée « républicaine ».

Harouna Adamou, HarounaAdamou.jpgcommandant de la compagnie d’appui des blindés ( bérets verts). Selon nos informations, il serait issu d’une famille de militaires très célèbre au Niger, notamment en raison de sa participation au putsch de 1974 contre le président Diori Hamani.

Salou Djibo, Djibrilla Hima Hamidou, Harouna Adamou ont tous les trois participé, aux côtés de Mamadou Tandja, au coup d’Etat contre le président Ibrahim Baré, le 9 avril 1999.

C’est un homme discret qui vient de prendre les rênes du Niger. Sans tambour ni trompette, Salou Djibo, le chef du Conseil suprême pour la démocratie (CRSD, junte) a été nommé lundi président pour « une période de transition ». Avec lui, pas de grands discours. Le militaire est peu éloquent. Juste quelques mots pour rassurer, histoire de donner le change : « Je suis serein, nous contrôlons la situation et nous avons mis en place le CRSD qui travaillera pour dénouer le problème », explique-t-il brièvement. L’homme cultive le mystère et demeure encore une énigme pour les Nigériens. Alors Djibrilla Hamidou, le deuxième homme fort de ce putsch, essaye de rassurer la population. Sur les ondes de RFI, le Commandant décrit Salou Djibo comme une « personne calme et sereine qui n’est pas intéressée par le pouvoir ». « Il est très connu dans nos rangs parce-qu’il a commandé desunités opérationnels (…). Ce n’est pas comme le cas de Dadis Camara (ancien chef de la junte guinéenne, ndlr) qui venait d’une direction de carburants, celui-là a mené les opérations », rassure-t-il.

Son CV

Salou Djibo n’en est pas à ses premiers faits d’armes. Né le 15 avril 1965, à Namaro, village situé à environ 50 km de Niamey, sur la rive droite du fleuve, cet ancien élève d’officiers de Bouaké, en Côte d’Ivoire, a dirigé plusieurs unités à l’intérieur du pays. Affecté d’abord au centre d’Instruction d’Agadez, il a ensuite rejoint Niamey pour devenir chef de peloton avant de diriger la 121ème CCA, la 5ème Compagnie de Commandement et d’appui et de sécurité. Cette unité de combat, qu’il commandait depuis cinq ans, est celle-là même qui a mené l’assaut contre le palais présidentiel, lors du putsch du 18 février dernier.

Autre atout de Salou Djibo : une formation militaire complète qu’il a suivie dans plusieurs pays. Notamment, en Chine où il s’est spécialisé dans l’armement lourd, et au Maroc. Durant ses voyages à l’étranger, l’homme a noué « de nombreuses relations importantes », comme l’explique Moussa Naganou, le directeur de publication du quotidien nigérien, Le Patriote 15.

Ses fonctions

Malgré son expérience de commandement, la tâche de président ne sera pas de tout repos pour Salou Djibo. Selon l’ordonnance lue à la radio publique lundi soir, le nouveau chef d’Etat devra « nommer par décret un Premier ministre et les membres du gouvernement et mettre fin à leur fonction ». Cette déclaration des militaires ne mentionne pas qui occupera ces fonctions et la durée de transition. Concernant les nouvelles institutions, un « organe » devrait être créé sous l’autorité du président. Il sera chargé de rédiger un code pénal et une nouvelle constitution qui sera soumise au référendum pour son adoption.

Pendant que les putschistes s’affairent à coordonner le nouveau gouvernement de transition, quelque part dans une villa « luxueuse », le président Mamadou Tandja attend d’être fixé sur son sort. Et il regarde sans doute jalousement Salou Djibo, cet inconnu, prendre temporairement son ancien trône dans le palais présidentiel.

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