Mogadiscio à feu et à sang


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Attentats contre des civils, assassinats de députés, destruction de céréales, les shebabs multiplient leurs attaques contre les forces de l’Union Africaine à Mogadiscio. Au moins 65 personnes dont six parlementaires ont trouvé la mort, mardi, lors d’une attaque contre un hôtel de la capitale. Les insurgés islamiques tentent de renverser le gouvernement somalien appuyé par l’aide militaire de l’Union Africaine.

Réactualisé mercredi 25 août à 12h42

Au moins 65 personnes ont été tuées mardi matin dans un hôtel de Mogadiscio. C’est la dernière attaque en date des rebelles shebabs. Les hommes armés de l’organisation islamiste liée à Al-Qaïda ont fait irruption dans cet établissement de la capitale somalienne, fréquenté par des responsables politiques, et ont tué au moins six parlementaires, rapporte le député Mohamed Hasan. D’après les témoins présents sur le lieu du drame, des cadavres jonchaient le sol de l’établissement, tandis que des clients sautaient par les fenêtres pour tenter de s’enfuir. Selon le vice-Premier ministre Abdirahman Haji Aden Ibi, les autres victimes sont 19 civils, cinq membres des forces de sécurité et deux employés de l’hôtel, soit 32 morts, dont un petit cireur de chaussures et une femme qui vendait du thé, tués devant l’hôtel. Deux assaillants auraient été abattus. Les affrontements entre les insurgés et les forces de l’Amisom (Mission de l’Union africaine en Somalie) promettent de s’intensifier au cours de la journée : « Nous encerclons le secteur de l’hôtel. Nous voulons les attraper et nos troupes sont là », a déclaré le parlementaire. Depuis deux jours, des violences entre les forces de l’UA et les shebabs se déroulent dans de nombreux quartiers de la capitale. Les combats auraient déjà coûté la vie à au moins 40 civils et fait plus de 130 blessés dans la capitale somalienne.

« Le combat se poursuivra jusqu’à ce que la volonté d’Allah soit exaucée »

Cette montée de violence fait suite aux déclarations du porte-parole des shebabs, Sheikh Ali Mohamoud Rage, qui avait annoncé au cours d’une conférence de presse dimanche le début d’une «guerre» d’envergure contre les «envahisseurs», apparemment en référence aux 6000 soldats de l’Union Africaine chargés d’assurer la protection du gouvernement somalien. Et d’ajouter : « nos combattants ont maintenant entamé leur offensive et le combat se poursuivra jusqu’à ce que la volonté d’Allah soit exaucée ».

Dimanche, on apprenait qu’une explosion accidentelle dans un bâtiment de Mogadiscio, qui semble être un atelier clandestin de véhicules piégés, avait tué 10 militants islamistes. Une explosion plus petite avait été entendue par la suite et avait tué un activiste qui installait une bombe. Selon un habitant du quartier de Barubah, « les explosions ont été très puissantes, tout le monde les a entendues mais des dizaines de combattants shebabs se sont immédiatement déployés et nous ont empêché d’aller sur place ». Le gouvernement avait alors demandé à la population de rester vigilante. Le ministre somalien de l’Intérieur, Abdikadir Ali Omar, avait déclaré que l’explosion montrait que les shebabs « planifient des actes de mort et de destruction durant le Ramadan ».

La situation générale s’est aggravée le weekend du 21 août. Les rebelles islamistes avaient alors commencé par brûler des céréales du PAM (Programme Alimentaire Mondial). Selon Cheikh Ali Mohamed Hussein, responsable des shebabs à Mogadiscio, « le PAM a fourni à notre peuple des aliments avariés, qui auraient pu faire un grand nombre de victimes. C’est pourquoi nous avons retrouvé ces céréales, nous les avons confisqués sur les marchés et nous avons décidé de les détruire par le feu ». Le PAM avait alors répliqué qu’il « n’autorise pas la distribution en Somalie de vivres arrivées à péremption ».

Les shebabs tiennent l’essentiel du centre-sud de la Somalie et mènent régulièrement des attaques contre les forces gouvernementales à Mogadiscio. Cette nouvelle offensive en plein ramadan, semble néanmoins d’une plus grande ampleur que les habituels accrochages.

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