Maroc : à la recherche de Zineb El-Rhazoui


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L’affaire défraye la chronique au Maroc. Depuis jeudi, Zineb El-Rahzoui, une ancienne journaliste franco-marocaine, a disparu. Depuis cinq jours, l’association marocaine des droits de l’Homme et sa famille sont sans nouvelles de la fondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI). Le 13 septembre, la militante avait participé à une manifestation de « non-jeûneurs » au Maroc pour protester contre une loi qui punit « la non observation publique par les musulmans du jeûne du ramadan ».

Zineb El Rhazoui demeure introuvable. L’association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) est « sans nouvelles » depuis jeudi de l’ancienne journaliste franco-marocaine, soupçonnée d’être l’organisatrice d’une tentative de manifestation de « non-jeûneurs » lors du ramadan au Maroc. Elle appartient au Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (Mali) qui avait organisé le 13 septembre dernier un pique nique en forêt, près de Mohammedia. Le groupe voulait se rendre « dans un espace non clos, mais dans une relative discrétion » à l’extérieur de la ville pour rompre le jeûne en pleine journée. Leur objectif était de dénoncer une loi marocaine qui punit la « non observation publique par les musulmans du jeûne du mois de ramadan ». Selon la loi 222 du code pénal, « tout Marocain musulman qui (la) viole publiquement (…) est puni d’un à six mois de prison et une amende ».

Pour l’instant, la présidente de l’AMDH, qui a saisi le ministère de la Justice, « ignore si elle a disparu d’une manière illégale ou si elle se cache pour éviter la tension liée à ses récentes activités ». Cinq des six jeunes membres du Mali – qui militent pour l’abrogation de cette loi 222 – ont été convoqués par la police marocaine dans le cadre d’une enquête judiciaire. Zineb El-Rhazoui a reçu elle aussi une convocation orale pour être interrogée jeudi à Mohammedia mais les autorités affirment « catégoriquement ignorer où elle se trouve ».

Une véritable disparition ?

Toutefois, Ibdtisam Lachgar, l’un de ses proches, qui l’avait jointe par courriels et par téléphone dimanche, a déclaré à l’AFP que « Zineb ne savait toujours pas si elle devait répondre ou non à la convocation de la police ». Depuis ce jour, selon son amie, « son téléphone est constamment fermé ». Elle avait également confié à l’AFP que Zineb lui avait dit que, compte tenu de la tournure prise par cette affaire, « elle ne voulait voir personne ». « Je ne veux pas me montrer, aurait-elle ajouté. Je pense à rester cloîtrée dans un appartement ».

Depuis le début de cette affaire, plusieurs journaux marocains multiplient les articles dénonçant de manière virulente les actions du groupe. Ainsi pouvait-on lire à la une de l’édition du 16 septembre du quotidien Al-Alam, l’organe de presse du parti Istiqlal (le parti de Abbas El Fassi, le Premier ministre marocain) un éditorial au titre évocateur : « Ils ne sont pas des nôtres ». Outre les billets calomnieux, des menaces de mort auraient été envoyées par internet aux membres du Mali, précise le communiqué de presse de Human rights watch. Le 15 septembre, l’agence officielle de presse a publié une déclaration du Conseil provincial des Oulémas de Mohammedia (docteurs de la loi islamique) qui dénonçait le pique nique organisé par des « agitateurs » comme un acte « odieux » qui « défie les enseignements de Dieu et du prophète avec tout ce qu’il engendre comme sanction sévère ».

« Les autorités marocaines mettent fièrement en avant l’héritage multiconfessionnel du pays », a déclaré, dans un communiqué, Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen Orient et l’Afrique à Human rights Human rights watch. « Toutefois la tolérance signifie aussi la protection des personnes, comme celles du MALI, qui définissent et pratiquent leur foi comme elles le souhaitent et – comme elles avaient prévu de le faire – de façon respectueuse pour autrui. »

Au Maroc, selon le site français d’informations Rue89, la presse aurait fait état de dizaines d’arrestations lors de ce ramadan pour non-observation du jeûne en public, assorties de condamnation à la prison ferme. Des cas qui n’ont pas eu la chance d’avoir le même écho médiatique que celui suscité par le Mali.

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Photographie du logo du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles

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