Mali : les peuls, socle de la montée djihadiste


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Peul

Les Peuls figurent parmi les dernières populations nomades du monde. Plutôt discrets, ils ont, pendant très longtemps, été absents des médias. Toutefois, la tendance a  largement changé depuis un moment. En effet, les Peuls défrayent la chronique au Sahel. Explications.

Les Peuls sont traditionnellement des éleveurs et leur population est estimée à environ 35 millions d’individus aujourd’hui. On les retrouve un peu partout en Afrique, notamment au Nigeria, en Guinée, au Sénégal et au Mali. Le soulèvement des djihadistes qui fait rage au Mali les a mis en avant dans les médias au cours de ces dernières années.

Un mal aux racines profondes

La communauté des Peuls est beaucoup plus grande dans la région de Mopti. Il se fait également que plusieurs membres djihadistes actifs affiliés à Al-Qaïda sont issus de cette population. Amadou Koufa, leader de ce groupe terroriste, est Peul et ne manque d’ailleurs pas d’appeler ses semblables à rejoindre le « combat » contre les impies. Certains jeunes de la communauté n’ont pas manqué de répondre favorablement à son appel.

Si la première raison apparente d’un tel phénomène pourrait être l’islamisme radical, il serait hâtif de tirer de telles conclusions. Les racines du mal remontent à 2011. Cette année-là, la Libye était frappée par les bombardements de l’OTAN. Démobilisés, les milliers de soldats touaregs au service de l’armée libyenne ont dû rentrer chez eux avec leur imposant arsenal militaire. Le soulèvement touareg déjà présent dans le nord du Mali a donc pris de l’ampleur. Certes les forces armées, françaises notamment, ont tenté de les ralentir, mais en vain. Par ailleurs, les djihadistes ont gagné le respect et l’admiration des paysans locaux en général et des éleveurs en particulier. Il faut dire que ces derniers sont les principales victimes de la corruption au Mali. L’autre cause du problème réside dans le conflit relatif à l’utilisation des terres. Les Peuls n’approuvent pas les politiques et autres programmes de développement qui mettent en avant la culture des terres au détriment des pâturages et des corridors pour l’élevage. De plus, les fonctionnaires corrompus abusent également des ruraux.

Un fléau aux conséquences déplorables

Cette situation a contribué à mettre à mal les relations avec les autres communautés. Avec notamment des affrontements entre Peuls et Bambaras plus sanglants que jamais. La région de Mopti, autrefois réputée pour son attrait touristique, a désormais tout d’un champ de bataille que tentent de fuir les autochtones de peur d’être victimes du conflit. Leur nombre est plus important que jamais puisqu’ils sont désormais 70 000 à avoir pris la fuite, selon les statistiques de L’ONU. Cette organisation tente malgré tout de calmer les tensions en envoyant des Casques Bleus sur place.

Pas sûr cependant que cela freine l’avancée djihadiste qui s’étend aux pays limitrophes tels que le Burkina Faso et le Niger.

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