Mali : le calme avant la tempête ?


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La délégation de la CEDEAO au Mali
La délégation de la CEDEAO au Mali

Vivement attendues, les conclusions du sommet extraordinaire organisé par la CEDEAO, le 27 juillet, ont reçu un accueil plutôt mitigé. Les leaders de la contestation réclament toujours le départ d’IBK, bien que cette option soit inenvisageable pour la CEDEAO. Le pouvoir quant à lui se dit prêt à gouverner avec l’opposition.

Si les plus optimistes s’attendaient à ce que les conclusions du sommet extraordinaire de la CEDEAO, tenu le 27 juillet, aboutissent à une solution définitive de sortie de crise au Mali, ils ont probablement été déçus. Certes, l’organisation sous-régionale a, à l’instar des forces de l’opposition, mis l’accent sur le fait qu’il fallait enquêter sur les événements du 10 juillet, qui avaient occasionné plusieurs décès, elle a aussi estimé qu’il fallait en arriver à  « la démission immédiate des 31 députés contestés, la recomposition rapide de la Cour Constitutionnelle, la mise en place rapide d’un Gouvernement d’union nationale, ainsi que la mise en place rapide d’une commission d’enquête ».

La CEDEAO milite pour un gouvernement d’union nationale

Cette recommandation est loin d’être anodine lorsque l’on prend en compte le fait que  Mousa Timbiné, président du Parlement, est également concerné. La CEDEAO a, dans sa déclaration finale, détaillé la démarche qui l’a conduite à prendre ces nouvelles recommandations : « Nous avons procédé à un examen minutieux de la situation dans ce pays frère et nous avons convenu d’appeler solennellement à tous les Maliens, dans leur diversité, à un Sursaut pour protéger leur pays des périls graves auxquels, il se trouve exposé aujourd’hui. Nous les avons en particulier engagés à éviter les violences et à privilégier le dialogue ». Pour autant, ces nouvelles conclusions ne sont pas du goût de tout le monde.

Une crise loin d’être résolue

Pour le M5-RFP, les solutions de sorties de crise de la CEDEAO ne sont nullement réalistes. Le rassemblement des forces patriotiques a même qualifié ces décisions « d’approximations improbables » avant d’enfoncer le clou : « Le M5-RFP constate, avec regret, que les conclusions du Sommet des chefs d’Etat ne tiennent pas compte de la profondeur et de la gravité de la crise sociopolitique qui hypothèque l’avenir du Mali, ne correspondent aucunement aux attentes et aspirations du Peuple malien et surtout violent les lois et la Constitution du Mali que respecte le Mouvement ». Pour eux, les mesures du sommet extraordinaire ne viseraient en fait qu’à protéger IBK. Le mouvement du 5 juin a en outre affirmé que « le Peuple malien demeurera mobilisé et déterminé pour la mise en œuvre de son droit constitutionnel à la désobéissance civile, sur l’ensemble du territoire national et dans la Diaspora, jusqu’à l’aboutissement de son combat patriotique pour la restauration d’un Mali démocratique, républicain et laïc, doté d’une gouvernance responsable et vertueuse ».

Alors que les présidents de la CEDEAO ont donné jusqu’au 31 juillet pour la mise en application de leurs recommandations, rien ne dit que la fin du conflit est imminente. En effet, le mouvement de contestation avait déjà interrompu ses manifestations pour une trêve censée durer jusqu’à la Tabaski. Toutefois, les protestations devraient repartir de plus belle d’ici le lundi 3 août en insistant notamment sur la démission d’IBK. La CEDEAO s’étant positionnée pour sévir en cas de futurs troubles, notamment grâce à la mise sur pied : « d’un régime de sanctions contre ceux qui poseront des actes contraires au processus de normalisation de cette crise », les prochaines semaines pourraient être beaucoup plus mouvementées que prévu au Mali.

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