L’Union pour la Méditerranée, une naissance laborieuse


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L’Union pour la Méditerranée (UPM) sera officiellement lancée dimanche à Paris. C’est avec difficulté que tous les chefs d’Etat – à l’exception notable du dirigeant libyen – de la rive Nord et Sud de la Méditerranée ont été réunis autour d’un projet porté par le président français Nicolas Sarkozy.

Les pays de la Méditerranée auront-ils un avenir ensemble ? En dépit de la politique de la chaise vide prônée par le dirigeant libyen Mouammar Khadafi, la naissance de l’Union pour la Méditerranée (UPM) est prévue ce dimanche à Paris. Sous la houlette des présidents français Nicolas Sarkozy et de son homologue égyptien Hosni Moubarak, qui assure la coprésidence du « Sommet de Paris pour la Méditerranée », l’UPM prendra corps en dépit des obstacles qui ont jalonné sa mise en place.

Satisfaire et convaincre tout le monde

Il a fallu d’abord résoudre la question de ses membres européens. Ce qui avait été pensé par Nicolas Sarkozy comme une organisation réservée aux seuls pays du pourtour méditerranéen s’est transformée en une union aux frontières floues. Les oppositions fermes de l’Allemagne, qui souhaitait relancer le processus européen de Barcelone, Euromed, lancé en 1995, ont finalement eu raison du projet initial présenté par la France. Rebaptisé « Processus de Barcelone – Union pour la Méditerranée », le projet rassemble désormais 43 pays dont les 27 de l’Union européenne (UE).

Puis, les hésitations des pays de la rive Sud ont longtemps fragilisé les efforts français. La France, qui assure la présidence de l’UE depuis le 1er juillet, a dû batailler ferme pour rassembler le plus de monde possible autour du projet. La présence du président syrien Bachar al-Assad, qui est arrivé en France ce samedi, crée la polémique. Officiellement en guerre contre Israël depuis 1948, la Syrie est depuis peu en « rabibochage » avec son ennemi juré via la médiation de la Turquie. Celle-ci, qui craignait que l’UPM ne soit une alternative pour elle à l’UE, a finalement décidé, dimanche dernier, de prendre part au sommet après avoir été rassurée. Quant à l’Algérie, qui souhaitait des clarifications sur les conséquences de la présence d’Israël au sein de l’UPM, a longtemps fait durer le suspense avant de se décider à accepter l’invitation.

Qui accueillera le siège de l’UPM ?

L’ordre du jour du sommet est émaillé de questions délicates. Comme le choix du pays qui abritera le siège de l’organisation méditerranéenne.
Alors que la préférence de la France va aux pays de la rive Sud, l’Espagne a déclaré, jeudi, qu’elle souhaite accueillir le secrétariat général et l’installer à Barcelone. Avec la Tunisie, Malte et le Maroc, ils sont désormais quatre à avoir déposé leur candidature pour accueillir le siège de l’UPM. Les questions financières seront également abordées. Avec un objectif initial de 600 millions d’euros, le fonds Inframed, destiné au financement de futurs projets euro-méditerranéens, devrait être opérationnel d’ici début 2009.

Cependant, ce sommet sera avant tout le lieu de rencontres bilatérales. Malgré leur présence, peu de dirigeants sont enthousiasmés par le projet. Mouammar Khadafi, en déclarant mercredi que le projet était « effrayant et dangereux », a encore jeté de l’huile sur le feu. Seule la France reste attachée à « son bébé ». Nicolas Sarkozy réussira-t-il à le faire marcher ?

Les 43 pays de l’Union pour la Méditerranée :

 Les 27 pays de l’UE : France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Chypre, Malte, Belgique, Allemagne, Autriche, Luxembourg, Pays-Bas, Suède, Danemark, Finlande, Irlande, Royaume-Uni, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Slovénie, Roumanie, Bulgarie.

 Cinq pays hors UE : Albanie, Croatie, Bosnie et Monténégro / Monaco

 Quatre pays du Maghreb : Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie (la Libye à titre d’observateur).

 Six pays du Moyen-Orient : Egypte, Liban, Syrie, Israël, Jordanie, Autorité palestinienne.

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