Luc Bendza, étoile noire du cinéma chinois


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Luc Bendza en action
Luc Bendza en action

Star du cinéma d’action en Chine, le Gabonais Luc Bendza est maître de wushu. Travaillant pour une société de production de Pékin, il est venu à Paris à la recherche de partenariats français. Installé en Chine depuis 20 ans, il est également représentant de la Fédération internationale d’arts martiaux et souhaite promouvoir sa discipline en prévision des Jeux Olympiques de 2008.

Maître en arts martiaux, le Gabonais Luc Bendza vit depuis plus de 20 ans en Chine. Acteur et cascadeur à Beijing (Pékin), il est également directeur de combats (chorégraphie des combats). Conseiller technique pour la Fédération internationale d’arts martiaux, il oeuvre pour la promotion de sa discipline, le wushu, afin qu’elle devienne un sport olympique. Représentant d’une grande société de production chinoise, Djingo Film, il est à Paris pour nouer des partenariats avec le 7ème art français. Il explique à Afrik les spécificités du cinéma et de la culture asiatiques.

Afrik : On parle souvent d’école chinoise pour les films d’action. Quelles en sont les spécificités par rapport au cinéma occidental ?

Luc Bendza : Les Chinois filment en action continue alors que les Européens filment en action très lente car ils ne savent pas comment disposer les caméras. C’est pourquoi, d’une manière générale, quand il y a des films d’action, les Français ou les Américains invitent souvent des directeurs de Hong-Kong pour créer la chorégraphie.

Afrik : Le film d’action est donc une tradition en Chine. Mais ne serait-ce-pas aussi grâce aux acteurs asiatiques qui maîtrisent peut-être mieux les arts martiaux ?

Luc Bendza : C’est vrai que cela joue mais que ce soit Jet Li, Bruce Lee ou Jackie Chan, on a toujours besoin d’un directeur pour les combats. C’est en vertu de l’histoire que l’on créé ceux-ci. Le fait est que les Européens n’ont pas encore la technique de synchronisation des combats.

Afrik : Vous êtes en France au nom d’un producteur chinois. Les Chinois ne sont-ils pas dérangés d’être représentés par un Africain ?

Luc Bendza : Au début oui, mais au fur est à mesure les barrières tombent. C’est une question d’adaptation. Quand vous arrivez en Chine, il ne faut pas importer sa mentalité. Sinon c’est sûr et certain que vous n’allez pas vous adapter. La culture asiatique est différente. Il faut réfléchir et penser chinois et essayer de faire de votre mieux pour vous intégrer. La culture chinoise et la culture africaine se ressemblent sur de nombreux points. Il y a, comme en Afrique, deux choses qu’il faut vraiment respecter en Chine. La politesse et l’humilité. Il faut également avoir la volonté de s’adapter à la culture chinoise. Si vous comprenez ces trois critères, c’est facile de vivre en Chine.

Afrik : Vous avez vécu 20 ans en Chine. Que vous reste-t-il de l’Afrique ?

Luc Bendza : La Chine est mon deuxième pays, j’y ai grandi mais je suis gabonais, je reste toujours africain… avec une mentalité chinoise (rires).

Afrik : Quels rapports sportifs entretenez-vous avec l’Afrique ?

Luc Bendza : Avec la Fédération internationale d’arts martiaux, nous faisons actuellement beaucoup de promotion pour le wushu puisque les Jeux Olympiques de 2008 se dérouleront à Beijing. Nous travaillons en partenariat avec le comité olympique chinois pour que le wushu soit un sport olympique. Nous sommes allés en Malaisie, en Suisse, au Mexique pour faire des démonstrations. Par rapport à l’Afrique, nous faisons de notre mieux. Parce que dans la plupart des pays africains, si un sport n’est pas une discipline olympique, il est difficile d’en faire la promotion. Sauf dans les pays du Maghreb.

Afrik : Il y a énormément de disciplines en arts martiaux. Quelle est la particularité du wushu ?

Luc Bendza : Le wushu est la matrice de tous les arts martiaux. C’est du wushu que sont issus le karaté, le taekwendo, le judo et toutes les autres spécialités. Le seul art martial qui ne soit pas issu du wushu est le kendo, qui est typiquement japonais. Si le wushu reste méconnu du grand public c’est parce qu’à l’époque on l’appelait le kung-fu à travers les films de Bruce Lee. Mais kung-fu, c’est juste le temps dont on a besoin pour faire quelque chose. Les différentes étapes pour arriver à un certain stade. Le wushu, c’est l’ensemble.

Afrik : Quelles sont aujourd’hui vos ambitions professionnelles ?

Luc Bendza : Faire parler du continent africain au niveau de l’Asie, continuer mon travail dans le cinéma et ouvrir un centre international d’arts martiaux. C’est en projet à Anvers (Belgique). J’ai le support de mes amis Michael Jai White et Wesley Snipes (deux vedettes américaines de films d’action, ndlr) et peut être Jacky (Chan, ndlr). Si tout marche comme il faut, ce centre verra le jour d’ici l’année prochaine.

Afrik : Aucune ambition derrière la caméra ?

Luc Bendza : Je n’ai pas d’ambition de réalisateur pour le moment. C’est un métier très fatiguant. Je préfère, pour ma part, jouer ou diriger des combats.

Afrik : Vous avez toujours des rôles de méchants en Chine. Cela ne vous dérange pas ?

Luc Bendza : En Asie, l’étranger est considéré comme le mauvais. C’est comme les premiers films de Jet Li. Quand il est arrivé à Hollywood, il a joué les rôles de mauvais. Mais peut être que ça changera dans les années à venir (rires).

Afrik : Avez-vous déjà pensé à faire des films d’action en Afrique ?

Luc Bendza : C’est en projet. Mais c’est une question de temps. Il faut trouver une bonne histoire, un directeur – je n’ai jamais vu un film d’action réalisé pas un cinéaste africain-, un producteur, une bonne compagnie de cinéma qui soit capable de s’investir dans le projet. Il faut rencontrer les bonnes personnes. Et c’est également une question de moyens.

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