L’ONU de plus en plus impuissante face aux conflits africains ?


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Drapeau de la République Démocratique du Congo
Drapeau de la République Démocratique du Congo

Agressées au Sierra Leone, les Nations-Unies sont d’autant plus attentives au risque congolais – largement déterminé par l’intérêt des belligérants pour les mines de diamants. D’autant que les derniers affrontements entre les alliés rwandais et ougandais amenuisent encore les chances de la paix.

Parallèlement aux nouvelles disparitions de Casques bleus au Sierra Leone, les affrontements engagés cette nuit entre les troupes ougandaises et rwandaises près de Kisangani, à l’Est de la République démocratique du Congo (R.D.C.), pourraient éroder encore la volonté des Nations-Unies de s’engager à nouveau dans des missions de maintien de la paix en Afrique et plus particulièrement au Congo.

Les accords de paix conclus l’été dernier à Lusaka par les différentes parties belligérantes en R.D.C. étaient soumis à une résolution prise par le Conseil de sécurité de l’ONU en février, laquelle stipulait que le déploiement d’un dispositif de maintien de la paix en R.D.C dépendait de l’existence de  » conditions de sécurité stables « . Ce dispositif était initialement prévu en deux phases : un premier envoi de 500 observateurs militaires, suivi de l’arrivée de 5000 soldats.

De telles conditions semblaient atteintes après que l’Afrique du Sud et le Nigeria eurent confirmé, dimanche dernier à Alger, leur intention de fournir l’essentiel des effectifs nécessaires. L’offre avait même été renouvelée en présence des présidents mozambicain, malien, algérien ainsi que de Laurent Désiré Kabila, détenteur de ce qui reste d’autorité légale en R.D.C. Quant à Salim Ahmed Salim, secrétaire général de l’OUA, il estimait pour la bonne cause que le cessez-le-feu de Kampala était depuis le 14 avril  » plus ou moins respecté « .

Espoirs toujours contrariés

Les espoirs qu’apportait cette déclaration ont bien été tempérés par l’absence notoire de représentants des milices de l’Ouganda, du Burundi et de l’Interahamwe – constituée d’anciens éléments des milices hutues impliquées dans le génocide rwandais de 1994 -, toutes présentes sur le territoire de la R.D.C. ou bien des troupes rebelles. Jeudi pourtant, le représentant de l’ONU à Kinshasa, Kamel Morjane, avait signé avec le ministre des Affaires Etrangères de la R.D.C. Abdoulaye Yerodia un accord ouvrant la voie au déploiement des Casques bleus.

Celui-ci n’aura été envisageable que peu de temps : le lieutenant colonel Akhram Hossain, responsable de la Mission des Nations-Unies au Congo (MONUC) et Emmanuel Nadhiro, porte-parole de l’armée rwandaise ont confirmé respectivement à l’AFP et à l’agence Reuters que l’artillerie ougandaise était entrée en action cette nuit. Le premier des quatre bataillons ougandais faisant mouvement vers Kisangani serait déjà sur place. L’armée rwandaise a riposté aux attaques de son allié de longue date dans ce conflit où la plupart des belligérants -aussi bien du côté des rebelles que du côté de la R.D.C. – ont la possibilité de piller le pays de ses ressources diamantifères.

L’enjeu des diamants

Dans une interview au New York Times, un des responsables de l’industrie minière du pays sous Mobutu Sese Seko confirme que  » l’Ouganda, le Rwanda, ou les alliés du gouvernement, le Zimbabwe et l’Angola – tous se sont enrichis grâce aux diamants [du Congo]. Il n’est donc pas dans leur intérêt d’arrêter la guerre « .

D’après Marie Okabe, porte-parole adjointe de l’ONU qui s’exprimait lors d’une conférence de presse hier au siège des Nations-Unies, le secrétaire général Kofi Annan s’inquiète des conséquences du conflit en Sierra Leone sur l’attitude des différents contributeurs aux missions de maintien de la paix. Kofi Annan a d’ailleurs déclaré aujourd’hui au micro de RFI qu’il souhaitait l’envoi d’une mission d’observation sur les pillages perpétrés dans l’ex-Zaïre.

Il semble que même si le déroulement des opérations de l’ONU en Sierra Leone joue un rôle test dans de futures interventions de maintien de la paix en Afrique, la situation en R.D.C. promet de rester tendue tant que les diamants ou autres ressources minières susciteront la convoitise générale.

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