Libye : l’impasse diplomatique


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Des négociations ont été entamées entre représentants de Tripoli et membres de l’insurrection, a annoncé ce lundi le régime libyen. Mais ces pourparlers pourraient bien ne pas aboutir. Saïf Al Islam, l’un des fils de Mouammar Kadhafi, a affirmé dans un entretien publié ce lundi dans Le Monde, qu’une solution au conflit qui « n’implique pas » son père est « impossible ».

Des pourparlers seraient en cours entre des représentants du gouvernement libyen et des membres de la rébellion dans des capitales étrangères en vue de négocier un accord de paix, a annoncé ce lundi Moussa Ibrahim, porte-parole du régime de Mouammar Kadhafi. Il confirmerait ainsi les déclarations du 16 juin de l’émissaire russe pour l’Afrique, Mikhaïl Marguelov, selon qui, des contacts entre représentants de Tripoli et Benghazi avaient eu lieu « dans plusieurs capitales européennes, en France, en Norvège, en Allemagne ».

Ces rencontres peuvent-t-ils déboucher à une sortie de crise ? Rien n’est moins sur. Le deuxième fils du dirigeant libyen, Saïf Al Islam, âgé de 39 ans, a déclaré dans un entretien accordé au quotidien français Le Monde qu’une issue au conflit qui « n’implique pas » son père est « impossible ». « Mon père ne fait pas partie des négociations. C’est un conflit libyen avec des Libyens et des traîtres, des milices, des terroristes. Vous pensez qu’on peut trouver une solution qui ne l’implique pas ? Non c’est impossible », a-t-il affirmé. Il est également revenu sur le soutien apporté par le président Nicolas Sarkozy aux rebelles, qui avait accueilli en 2007 le colonel avec tous les honneurs. Selon lui, « l’opération de l’OTAN est particulièrement stupide, mal préparée. Tout a été fait dans la hâte. Une campagne fast-food, une campagne McDonald’s. Nous, nous avons notre armée. Nous avons plus de munitions, plus d’armes ». Le fils du dirigeant libyen qui se dit prêt à la paix et la démocratie a jugé également qu’avec ou sans l’OTAN, les rebelles qu’il a qualifié de «rats» vont perdre la guerre. «Les rats n’ont strictement aucune chance de contrôler ce pays», a-t-il souligné.

Jacob Zuma rencontre Medvedev

Les négociations internationales pour pousser Mouammar Kadhafi vers le départ semblent chaque jour un peu plus compromises. Le président sud africain Jacob Zuma a rencontré ce lundi à Moscou le chef d’Etat russe Dmitri Medvedev pour tenter de trouver des solutions pacifiques à la crise. Dmitri Medvedev a aussi informé son homologue sud-africain de sa prochaine rencontre avec les représentants de l’Alliance atlantique, prévue ce lundi soir à Sotchi. Les deux chefs d’Etats se sont opposés à plusieurs reprises à l’action de l’OTAN en Libye. « Je voudrais qu’ils entendent de ma part et peut-être de la vôtre, notre opinion sur ce qui se passe en Libye et sur les moyens d’instaurer la paix dans ce pays », a affirmé le président russe. « Je suis heureux que les représentants de l’OTAN soient ici, c’est une occasion de leur faire part de notre attitude envers le problème libyen et de notre vision de son règlement », a déclaré son homologue sud-africain. Il a estimé notamment important de faire part, tant au président russe qu’aux représentants de l’OTAN, des résultats du sommet de l’Union africaine (l’UA) vendredi en Guinée Equatoriale.

L’accord-cadre proposé par l’organisation africaine lors de ce sommet a été rejeté dimanche par le Conseil national de transition (CNT). Ce rejet est dû selon son porte-parole, Abdel Hafiz Ghoga, au fait que l’UA n’ait pas prise en compte le « départ de Kadhafi, de ses fils et de son cercle rapproché », bien qu’elle ait prévu d’exclure ce dernier des négociations. L’exigence de son départ avait été réitérée à plusieurs reprises par les rebelles, qui refusent toute proposition incluant un quelconque avenir à la tête du pays pour Mouammar Kadhafi et ses proches. L’UA est très divisée sur la question. Elle a également refusé d’appliquer le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre le Guide libyen pour crimes contre l’humanité. Ce dernier a en effet été l’un des principaux bailleurs de fonds de nombre de pays africains.

Les rebelles visent Tripoli

Alors que les bombardements de l’OTAN ne faiblissent pas, la rébellion est bien décidée à venir à bout du conflit. Son porte-parole militaire, Ahmed Omar Bani, a annoncé dimanche la mise en place d’une offensive majeure dans les quarante huit-heures sur le front ouest pour atteindre Tripoli. « Dans les deux prochains jours, il y aura du nouveau sur cette ligne de front », a-t-il assuré. L’objectif est de récupérer les secteurs sud de Tripoli, et notamment Bir Il-Ghanam, un carrefour stratégique située à environ 50 km au sud de la capitale. Les rebelles peuvent désormais compter sur le soutien de la Turquie qui a reconnu dimanche le Conseil national de transition. Une décision prise après la visite dimanche du ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, à Benghazi, le fief des insurgés dans l’est de la Libye. Il a rappelé son ambassadeur et invité Mouammar Kadhafi à quitter le pouvoir. De quoi renforcer l’isolement du dirigeant libyen sur la scène internationale.

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