L’humour burkinabé sur les écrans français


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Drapeau du Burkina Faso
Drapeau du Burkina Faso

Une première qui mérite d’être signalée : la chaîne française Comédie ! a produit avec Canal France International une série comique de 20 épisodes de 12 minutes, réalisée par Idrissa Ouedraogo, cinéaste burkinabé naguère primé à Cannes, et entièrement tournée à Ouagadougou avec des acteurs burkinabés.

Kadi Jolie, programmée en France depuis le 7 mars tous les mardis à 21h45, tranche sur les séries anglo-saxonnes préformatées rythmées par des rires enregistrés auxquelles les chaînes généralistes nous ont trop souvent habitués : l’initiative de la chaîne thématique Comédie ! mérite d’être saluée, parce qu’elle était aussi originale qu’ambitieuse. Le rire, on le sait, n’est pas universel, il n’existe rien de plus culturel, au contraire. Donner carte blanche à un cinéaste africain en lui assignant pour mission de faire rire les téléspectateurs français sans trahir son univers personnel était une gageure : le pari a été tenu.

Même la maladresse qui apparaît parfois dans le jeu des acteurs contribue à enraciner les courtes aventures de Kadi Jolie dans la réalité quotidienne du Burkina Faso : ce n’est pas une Afrique de pacotille, c’est une Afrique qui s’amuse, sans prendre au sérieux les intrigues, somme toute sommaires, qui permettent d’enchaîner les gags…

Le tout forme un divertissement rafraîchissant et neuf : l’ingénuité des historiettes hésite entre l’autodérision ironique et la pure et simple pantomime, coupée par les rires francs des actrices qui, sujet universel, se jouent des hommes qui les poursuivent… Avant de se repentir de leurs aimables facéties ! La série est inégale, ou plutôt le dosage entre ces diverses formes d’humour varie d’un épisode à l’autre. Mais sans jamais laisser indifférent.

Le tout forme un objet audiovisuel inédit, innovant, jeune, en face duquel bien des productions occidentales paraissent pâles et tristes. Il faut une solide vitalité pour filmer comme cela, et on peut souhaiter que l’expérience soit suivie : pour que la mondialisation soit réellement un dialogue entre les cultures, les identités, les peuples, une ouverture à la diversité, qui seule est féconde…

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