Lettre ouverte aux maires des communes du Nord (59), de la métropole et des départements d’Outre-Mer


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LETTRE OUVERTE AUX MAIRES DES COMMUNES DU NORD (59), DE LA MÉTROPOLE ET DES DÉPARTEMENTS D’OUTRE-MER
Le débarquement de Provence a eu lieu le 15 août 1944. Le second conflit mondial a entraîné des millions d’hommes et de femmes dans son sciage, parmi lesquels les Tirailleurs Africains. Leur rôle fut décisif dans la victoire contre l’ennemie. 225 000 hommes des troupes coloniales de l’Armée d’Afrique, c’est dire des Tirailleurs Sénégalais et Algériens, Goumiers et Tabors Marocains, Pieds-noirs, Marsouins du Pacifique et des Antilles versent le prix du sang. C’est toute l’Afrique coloniale qui se bat pour l’idéal de liberté, s’acquittant d’un lourd tribut pour la France.

Ils débarquent en Provence sous le commandement du général de Lattre de Tassigny. C’est sans compter l’aide de la résistance locale. L’Armée « B », comme on la nomme, libère notamment Toulon, Marseille et Fréjus fin d’août 1944, devançant le calendrier tactique de plusieurs semaines. L’Histoire montre, hélas, que la mémoire collective a trop longtemps blanchi le fait d’arme.

Malheureusement, ce fut également le cas lors du Premier conflit mondial. En 1914-1918, pas moins de 200 000 « Sénégalais » de l’Afrique-Occidentale française (A.-O.F. : la Mauritanie, le Sénégal, le Soudan français (devenu le Mali), la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Niger, la Haute-Volta (devenue le Burkina Faso), le Togo et le Dahomey (devenu le Bénin)) se battent sous l’étendard français, dont plus de 135 000 rien qu’en Europe. Environ 15 % d’entre d’eux, soit 30 000 soldats, y trouveront la mort sur un total de 1 397 800 soldats français morts durant ce seul conflit soit plus de 2 % des pertes totales de l’armée française. Beaucoup sont revenus blessés ou invalides.

Lors du 75ème anniversaire du débarquement de Provence qui a eu lieu le jeudi 15 août 2019 à Saint-Raphaël (Var), Monsieur le Président de la République a rappelé que la France a une part d’Afrique en elle.  « Ils ont fait l’honneur et la grandeur de la France. Et pourtant qui d’entre nous se souvient aujourd’hui de leurs noms, de leurs visages ? » a questionné le chef de l’État. De là, Emmanuel Macron appelle à renommer des rues en hommage aux soldats Africains de l’Armée française qui ont participé à la Libération.

Comme de nombreux petits-fils de Tirailleurs Sénégalais et fils de militaires du rang, je salue un acte républicain fort qui honore la France, avec elle la Nation.

En conséquence de quoi, j’ai l’honneur et le privilège de faire écho à une mémoire oubliée, celle des combattants Africains morts ou blessés pour la France aux côtés de leurs frères – à égale distance celle des familles – souhaitant que vous puissiez prendre part au vœu du chef de l’État en rebaptisant des rues en hommage aux soldats Africains de l’Armée française qui ont participé à la Libération.

Madame, Monsieur le Maire, je sais pouvoir compter sur votre attention particulière, en connaissance de cause de votre intérêt pour l’émergence du devoir.

Très respectueusement,

Marcel Lourel
59 450 Sin le Noble
France

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