Les Tinariwen sont de retour


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Tinariwen
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Après avoir sillonné l’Europe depuis mars dernier avec leur nouvel album, Aman Iman, les touaregs de Tinariwen font une halte d’un mois en France. Ils se produisent ce samedi au Bataclan avant d’entamer une tournée aux quatre coins du pays.

Les Tinariwen sont de retour, trois ans après avoir bouleversé le monde de la musique avec l’album Amassakoul et leur blues du désert. Depuis mars dernier, ils ont sillonné l’Allemagne, l’Angleterre, la Hollande, la Croatie et arrivent en France avec leur nouvel album, Aman Iman, un proverbe qui signifie « l’eau, c’est la vie » en tamashek. Sorti en février dernier, le nouvel opus, toujours à la croisée du blues, du rock et des airs traditionnels touarègues, se rapproche encore plus des racines des membres du groupe. Ces derniers, qui vivent toujours dans un mode de vie nomade au nord est du Mali, dans la région de Tessalit, se débrouillent à chaque fois qu’il le faut pour se retrouver à Kidal afin de travailler leurs compositions. Ce qu’ils ont fait durant quelques mois pour Aman Iman, avant d’enregistrer l’album en dix jours aux studios Bogolan de Bamako.

Le succès et les milliers d’albums vendus ne sont pas montés à la tête de ces touaregs de l’Adrar des Ifoghas, qui gardent leur simplicité et se réjouissent simplement que leur notoriété internationale ait contribué à mieux faire comprendre leurs messages politiques et sociaux dans leur pays, explique Alhassane Ag Touhami, l’un des membres fondateurs de Tinariwen. Il est vrai que les premiers titres du groupe, fondé en 1982, étaient chantés dans un contexte conflictuel peu propice à l’écoute. Tinariwen est composé d’enfants de l’exil, les plus anciens d’entre-eux ayant fui le nord du Mali dès la répression de la rébellion touarègue de 1963 pour Tamanrasset, en Algérie. Ils n’ont regagné leurs chères montagnes qu’au début des années 1990 avec la signature d’un Pacte national avec le gouvernement malien.

Porte-voix de la culture touarègue

Aujourd’hui encore, ils puisent dans le réservoir de chants qu’ils ont composé et interprété comme des armes, dans les années 1980, lorsque comme des milliers d’autres ils répondu à l’appel du colonel Muhamar Kadhafi et gagné les camps d’entraînement de Libye. Pour retrouver les titres, pas besoin d’enregistrements : « on a la carte mémoire interne », assure Eyadou Ag Leche, l’un des bassistes du groupe.

Dans Aman Iman, Tinariwen reprend ainsi Tamatant Telay, un chant sur la peur de la mort composé par Alhassane Ag Touhami pour donner du courage aux combattants au moment de monter au front. Mais « il faut essayé de ne pas être décalé avec ton temps », poursuit Eyadou. Et s’il chante toujours la difficile situation politique et sociale des peuples touarègues, dont il souhaite être le porte-voix, Tinariwen chante aussi l’amour, le travail ou encore la paix.

La basse lourde, les riffs, les rythmes et les chants lancinants des bluesmen ont transporté le public venu les écouter jeudi soir à la Maroquinerie, à Paris, où ils étaient invités par le groupe angevin Lo’Jo. Tinariwen se produit ce samedi au Bataclan avant de quitter la capitale pour une tournée de trois semaines aux quatre coins de la France.

Pour commander l’album Aman Iman de Tinariwen

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